Pour les coopératives, baisse d’activité prévue de 0,5 % par an d’ici à 2023
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L’institut d’études privé Xerfi a publié une étude sur les nouveaux défis à relever pour les coopératives agricoles. Entre pression réglementation grandissante et crise sanitaire qui dure, quelles sont les perspectives de croissance à l’horizon 2023 ?
Les coopératives agricoles vont devoir prouver leur capacité d’adaptation face à une réglementation qui change et une crise sanitaire qui perdure. L’institut d’études privé Xerfi s’est penché sur la question au travers d’une étude, rédigée par Matteo Neri, directeur d’études au sein de la structure. Publié le 23 février et intitulée « Les nouveaux défis des coopératives agricoles, perspectives de croissance à l’horizon 2023, leviers de développement et évolutions du jeu concurrentiel », ce document met en lumière les conséquences de la réglementation sur le fonctionnement de la coopération agricole.
Un chiffre d’affaires de 90 Mds€ fin 2021
Malgré la crise sanitaire en 2020, l’activité des coopératives agricoles française a résisté. Si les plus grosses structures ont profité de l’envolée des ventes alimentaires en grande distribution, les plus petites ont été davantage impactées par la chute de l’activité en restauration hors foyer notamment. Selon les prévisions des experts de Xerfi , « l’activité des coopératives devrait céder 0,5 % par an d’ici à 2023 » même si le chiffre d’affaires de la coopération avoisinera les 90 milliards d’euros fin 2021, grâce aux 5 milliards apportés par l’acquisition du céréalier Soufflet par InVivo.
Le choix de la vente, plus rentable mais…
Les perspectives d’avenir restent floues et incertaines. En cause ? « Le renforcement des pressions déflationnistes des industriels et des distributeurs, le durcissement de la concurrence liée à la séparation de la vente et du conseil de produits phytosanitaires et la baisse des volumes disponibles », précise l’étude. La loi Egalim, qui interdit les remises, rabais ristournes et qui prévoit la séparation de la vente et du conseil, a poussé les coopératives agricoles à revoir leur stratégie. Quasiment toutes les coopératives, excepté Euralis et Limagrain, ont choisi la vente, « plus rentable que le conseil et de nature à favoriser l’équilibre des comptes des SCA », indique l’étude. Plus rentable mais avec de sérieuses répercussions sur la filière, selon l’avis des experts. « Cela va aboutir à une réduction des intrants, phytos notamment, et à une transparence tarifaire induite par la loi qui va alimenter la concurrence sur la fourniture de ces produits », explique l’auteur car les agriculteurs peuvent comparer les prix et certains fabricants comme BASF, Corteva ou Bayer ont déjà opté pour le développement de sites marchands et d’applications numériques.
Création de valeur
Pour répondre à ces nouveaux défis, les coopératives agricoles devront continuer à aller chercher de la compétitivité et de la création de valeur tout en préservant le modèle coopératif. « Pour contourner l’obstacle des difficultés de financement inhérentes à leur modèle, les coopératives recourent aux émissions obligataires et aux placements privés. Elles créent des sociétés holding pour s’ouvrir aux capitaux extérieurs ou cèdent des actifs pour financer le recentrage ou le développement de leur activité », souligne Matteo Neri. Comme Agrial a choisi de le faire en 2013, en diversifiant ses sources de financements et sortant du tout bancaire.
Un Top 5 chamboulé
Le top 5 des coopératives agricoles a été bouleversé. InVivo est désormais second après la cession de Neovia en 2019 alors qu’Agrial caracole en tête. « Suite au rachat des activités malt du géant américain Cargill, Axéréal est désormais le premier malteur mondial. Le rapprochement entre InVivo et le groupe familial Soufflet constitue une opération sans précédent et hissera le nouvel ensemble au rang de deuxième coopérative européenne derrière l’Allemand BayWa », selon l’étude.
Ne pas atteindre la taille critique
Avec l’évolution du modèle, la taille moyenne des groupes coopératifs ne cesse d’augmenter. En 2019, les dix premiers généraient ensemble un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros, plus du double de celui de 2002.