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Usine de bioéthanol de Lillebonne (76) : tous les voyants sont au vert

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Après un démarrage difficile, l’éthanolerie de blé de Lillebonne (Seine-Maritime), construite en 2007, rencontre aujourd’hui le succès attendu. « Nous avons dépassé en 2009 nos objectifs initiaux avec un rythme de marche supérieur à 8 200 hl/j en moyenne mensuelle et de 9 000 hl/j en régime de pointe », a précisé le directeur de l’usine, Jérôme Verrié, le 25 septembre, au cours d’une journée portes ouvertes. G.G.

Photo : Jérôme Verrié (à gauche) directeur de l’usine de bioéthanol de Lillebonne, et Pierre-Christophe Duprat, directeur général de la division transformation des céréales de Tereos.

Côté prix payé aux producteurs, tout va bien également : « Nous payons le blé 125 euros/t alors que le blé destiné à l’exportation est à 110 euros/t ». Rien à voir, donc, avec les deux campagnes précédentes pour lesquelles le prix du blé éthanol était inférieur à celui du marché. « Au regard du blé éthanol acheté depuis 1993 par Tereos, ces deux campagnes ne sont pas représentatives », affirme Pierre-Christophe Duprat, directeur général de la division transformation des céréales de Tereos (principal actionnaire de l’usine).

Les responsables de l’usine émettent deux requêtes : la mise en place de mesures de protection contre les importations brésiliennes, et le maintien, pour les unités agréées, de l’exonération partielle de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers, qui est passée de 38 €/hl en 2005 à 21 €/hl en 2009. « Par unité d’énergie, le bioéthanol est finalement plus taxé que l’essence », précise Pierre-Christophe Duprat.

Pour le reste, la confiance règne : le contexte politique et économique est actuellement favorable au bioéthanol. Sa consommation mondiale se développe avec la quasi-généralisation des véhicules flex fuel au Brésil, avec le cadre réglementaire « Renewable fuel standard » aux Etats-Unis et avec la directive européenne « Energie-Climat » qui détermine un objectif d’incorporation de 10 % d’énergie renouvelable dans les carburants en 2020 dans l’Union européenne. La France a quant à elle prouvé son soutien au bioéthanol avec notamment son objectif d’incorporation dans l’essence de 10 % en 2015, et avec la mise en place du SP95-E10 en avril dernier, prenant ainsi de l’avance sur les objectifs fixés par Bruxelles. Ce carburant, qui contient 10 % de bioéthanol, devrait être proposé par 70 % des stations essence à fin 2009.

Une meilleure productivité grâce aux enzymes

La recherche, enfin, avance à grand pas, notamment dans le domaine des enzymes qui permettent d’augmenter considérablement la productivité de l’usine. « Nous avons déjà aujourd’hui une bien meilleure productivité avec un blé fourrager que nous n’en avions autrefois avec un blé meunier », note Jérôme Verrié. Le laboratoire de l’usine travaille sur la diversification des matières premières (blé fourrager, orge, maïs, triticale…), et avance pas à pas vers le bioéthanol de deuxième génération.

L’usine de Lillebonne en chiffres :

- Le capital de la société BENP Lillebonne est réparti entre les actionnaires suivants : BENP (50,1 % qui se décompose en 56,7 % Tereos, 26 % Unéal, 12,8 % Cohésis, 4,5 % Cap Seine), Agralys (20 %), Epis-Centre (20 %) et Unigrains (9,9 %).

- L’investissement total s’est élevé à 200 millions d’euros.

- L’éthanolerie transforme 760 000 tonnes de blé par an pour produire 300 000 m3 d’éthanol et 240 000 tonnes de drèches pour l’alimentation animale.