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Vers une digitalisation de la relation technicien-agriculteur avec Viti-Optimum 2.0

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Lancé en 2016, le projet Viti-Optimum 2.0 porté par la coopérative tarnaise Qualisol et labellisé par Agri Sud-Ouest Innovation, vise à développer des outils de diagnostic innovants, plus précis, interopérables et connectés. Quatre ans après, les retours utilisateurs sont positifs.

Alexandre Moreau, référent technique Qualisol et Jérôme Delfour, viticulteur. - © D.R.
Alexandre Moreau, référent technique Qualisol et Jérôme Delfour, viticulteur. - © D.R.

Digitaliser les relations entre conseillers et agriculteurs, tel est l’objectif que s’est fixée la coopérative Qualisol en lançant son projet Viti-Optimum 2.0 en 2016. Mené auprès de 150 adhérents de la coopérative Qualisol, ce projet qui a duré quatre ans, livre ses premiers retours d’expérience.

Lors d’un webinaire organisé par Agri Sud-Ouest Innovation, le 2 mars, Maxime Delbouis, responsable technique cultures spéciales, Qualisol, en explique le fonctionnement. « Porté par le technicien, avec un retour en temps réel à l’agriculteur, nous avons développé des outils de diagnostics innovants et plus précis. Nous voulions que les échanges de données soient fluides, il était important que les outils soient interopérables et connectés ».

L’objectif est de développer des outils de diagnostics et de conseils pour faciliter et optimiser le travail du technicien de coopératives agricoles sur les parcelles viticoles et permettre ainsi d’apporter un conseil personnalisé aux viticulteurs dans le contexte EcoPhyto2.

Déposé dans le cadre du fonds unique interministériel (FUI), programme de soutien aux projets innovants collaboratifs, Viti-Optimum 2.0 est doté d’un budget de 3,6 millions d’euros. Il a été co-construit avec Isagri, Si Consult, l’Institut français de la vigne et du vin, le laboratoire Clle Ltc, Purpan et Sogefi.

Moderniser le conseil personnalisé

Le but du projet était d’offrir un suivi personnalisé pour une viticulture durable en développant ces outils à destination des techniciens de coopératives. « Nous avons proposé trois solutions digitales à Qualisol pour répondre aux objectifs de la coopérative », indique Gwladys Artus, chef de marché coopératives/négoces Isagri. Dans le cadre de la séparation de la vente et du conseil, la coopérative souhaitait renforcer son accompagnement auprès des adhérents, maximiser le collaboratif entre le technicien et l’agriculteur et favoriser les échanger, tout en permettant au technicien d’être performante dans ses prestations.

Une première application, diagnostic et observation, permettait d’évaluer l’état sanitaire des parcelles, de géolocaliser les problèmes durant le tour de plaine et d’envoyer un rapport direct à l’agriculteur. Avec la seconde, Geofolia, l’agriculteur pouvait noter toutes les interventions réalisées et échanger avec son technicien sur l’itinéraire technique utilisé. La dernière, Doctofarm, offrait la possibilité à la coopérative de pousser des alertes et de les localiser, en créant des groupes d’échanges.

Gain de temps et productivité

Au final, ces outils permettent aux conseillers et aux agriculteurs de gagner en efficacité et en confort de travail, tout en réduisant les risques de santé liés aux contacts avec les produits phytosanitaires. « Le gain de temps est réel. Avec le format papier c’était plus contraignant. Avec les applications, c’est plus pratique. Mes observations sont envoyées directement à l’agriculteur qui peut suivre mes recommandations dès réception. Nous avons intégré, en plus des maladies et ravageurs, les dégâts climatiques, les carences physiologiques de la vigne. Cela peut aussi être utilisé en arboriculture et en grandes cultures, et transposable sur tout le territoire », témoigne Alexandre Moreau, référent technique Vigne Qualisol. Gagner du temps, c’est aussi un gain de productivité pour Alexandre Moreau qui peut désormais suivre plus de dossiers. Pour Jérôme Delfour, viticulteur basé à Cazes-Mondenard, le partage d’informations avec son technicien via l’application Geofolia a été un vrai plus. Sans annoncer le coût du service, l’agriculteur assure que « ça vaut le coup. On diminue les doses, on est plus performants. »

Portail commun

Pour stocker les données, Qualisol a aussi prévu un portail commun indispensable, encore en cours de construction. A l’issue du projet, l’engouement reste entier pour la coopérative. « Actuellement, seulement 2 % des adhérents de la coopérative ont pu profiter du service pilote, nous espérons un déploiement de masse demain. C’est une vision durable avec la possibilité de modifier les interventions en temps réel », assure Maxime Delbouis.