Xavier Thirouin, coop de Boisseaux - « Drôle de contexte pour partir en retraite ! »

Dans quelques jours, Xavier Thirouin tournera la page de la coopérative de Boisseaux. Une tranche de vie de 32 ans, jalonnée de rencontres. « Ce n’est pas le contexte que j’imaginais pour mon départ en retraite, confie-t-il d’entrée. Je pensais fêter un minimum cet événement, entouré de mes collègues, amis et partenaires, dans un climat de convivialité. Le contexte sanitaire fait qu’il en sera tout autre ! »

Les relations humaines, au cœur du métier

En regardant dans le rétroviseur, Xavier Thirouin est fier de la voie prise par sa coopérative ces dernières décennies. « Très tôt, nous avons fait le choix du travail en filières, des démarches qualité, du développement durable. Aujourd’hui, nous sommes arrivés là où nous l’avions prévu. Nous produisons les céréales que les clients attendent. C’est beaucoup plus intéressant que de produire sans connaître la destination finale de nos marchandises ». Ce qui lui a le plus pesé durant sa carrière ? « La gestion des dossiers réglementaires qui n’a fait que croître au fil des années, confirme-t-il. En parallèle, face à ces nouvelles contraintes, force est de constater que nos adhérents se forment et s’informent de plus en plus. Ceux qui s’installent aujourd’hui sont réellement motivés. L’échange avec les agriculteurs, les meuniers, les clients de l’aval… les relations humaines ont été le moteur de mon métier. J’ai beaucoup appris à leur contact. »

Poursuivre la démarche CRC

Pas simple de prendre le relai d’une telle personnalité, connue de tous dans le Loiret. Cette mission, Frédéric Ozanne l’a acceptée sans hésiter, même s’il reconnaît, « avoir encore beaucoup à apprendre ». Le tuilage se fait depuis le mois de juin. « Cette transmission longue était pour nous deux indispensable afin de préparer la suite, dans la continuité, explique-t-il. Le travail en filières, notamment via la démarche CRC, restera l’identité de la coopérative de Boisseaux. 85 % des blés produits sont destinés à ce marché. L’enjeu est de poursuivre et de renforcer le travail en amont pour se différencier des autres coopératives voisines. Nous assurons également la veille sur deux projets pilotes : le zéro résidu de pesticides et le label bas carbone. Des exigences de plus en plus souvent formulées par les acheteurs. Nous nous devons d’y répondre. »

Une coopérative à taille humaine

À 40 ans, cet ingénieur agronome était précédemment conseiller au centre de gestion CER France à Pithiviers. « Je connaissais déjà l’entreprise et quelques-uns de ses administrateurs, précise-t-il. Ce qui m’a plu ? La taille « humaine » de la coopérative. La prise de décision ne se fait pas par un seul homme mais bien de façon collégiale. L’équipe de direction est également très proche des agriculteurs, tout le monde se connait. Depuis mon arrivée aux côtés de Xavier, j’ai découvert les métiers de la collecte, de la logistique, des démarches de filière et pris conscience de l’importance de ce travail avec des partenaires solides. »

Choix de la vente, sans délaisser les filières

Quant aux challenges à relever, celui de la séparation du conseil et de la vente n’effraie pas le binôme. « Nous avons fait le choix de la vente, explique Xavier Thirouin. Nous continuerons de suivre les parcelles menées en CRC mais nous ne pourrons plus faire de préconisations phytos au champ. Pour le reste, nous verrons en avançant ! ». Xavier Thirouin laisse une entreprise financièrement saine qui, à l’été dernier, a inauguré un silo de 5000 t de capacité de stockage. « À court terme, l’enjeu consiste à faire vivre ce nouveau silo, de m’installer dans mes nouvelles fonctions tout en continuant la communication à destination du grand public », précise Frédéric Ozanne. Pour sa retraite, Xavier Thirouin compte tourner la page coopérative, « pour faire autre chose », confie-t-il tout simplement.