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Cultive-t-on trop de blé meunier en France ?

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Sur la récolte 2019, 98 % des blés semés en France étaient des blés panifiables, répondant aux exigences de la meunerie française. Pourtant, la moitié des blés tendres français partent pour l’export, dont une partie pour l’alimentation animale. C’est pour s’interroger sur l’adéquation entre l’offre variétale et les débouchés que le sectionneur Sécobra a organisé une réunion d’informations le 28 novembre à Paris, en regroupant les différents maillons concernés : organismes stockeurs, industriels transformateurs, exportateurs et l’institut technique Arvalis.

« La France a mis en place une stratégie pour aller vers le blé panifiable supérieur, qui reste le Graal. Mais elle a oublié que d’autres blés pouvaient répondent à d’autres besoins », constate Benoît Meleard, d’Arvalis. 2,4 Mt de blé français sont, en moyenne, consommées chaque année par les fabricants d’aliments du bétail du Bénélux, alors que seulement 2 % de la sole nationale est emblavée de blés pour autres usages que panifiables (BAU), c’est-à-dire fourragers et biscuitiers.

Diversifier les variétés de blés en fonction des débouchés

« Pour gagner des débouchés en fabricants d’aliments, il faut être compétitif sur le prix, et pour cela, il faut faire du rendement ! », souligne Guillaume Van de Velde, de l’union de commercialisation Cérémis, implantée sur le nord de la France. Les coopératives membres ont entamé des réflexions pour cultiver des blés fourragers afin de répondre à ces marchés. Ils étudient aussi les variétés de blés biscuitiers, pas cultivées jusqu’à présent sur le secteur. Avec le Brexit, les biscuitiers belges et hollandais, qui s’approvisionnent jusque-là au Royaume-Uni, pourraient chercher de nouveaux fournisseurs. « Le risque avec ces développements, c’est d’abaisser la qualité du tas moyen de blé », insiste Guillaume Van de Velde. Autre problème à cette diversification : la question des outils de stockage, de tri et des capacités d’allotement. « Dans une coopérative comme Unéal, nous sommes capables de trier et de gérer trois tas de grains. Dans le cas d’une diversification, la segmentation pourrait rapidement devenir un facteur limitant », considère-t-il.

De la protéine, oui, mais de la bonne !

Autre débouché pour lequel il n’existe pas de variétés types, celui de l’amidonnerie. « En tant qu’amidonnier, savoir s’il s’agit d’un blé panifiable, panifiable supérieur ou meunier ne nous intéresse pas. Nous souhaitons un blé tendre qui réponde à notre cahier des charges », souligne Alexis Tordeur de chez Tereos. L’entreprise cherche de la protéine, mais de la bonne ! S’il est connu de longue date que le taux de protéines augmente avec la dose d’azote, Arvalis et Tereos ont montré que c’était celui de gluténine qui augmentait, autrement dit, la « bonne protéine ». « Toutefois, le niveau de base de protéine dépend de la génétique, tout comme de la capacité d’extraction de ces protéines », explique Tereos. Or, ces critères n’apparaissent pas dans les classifications standards, d’où la nécessité, selon lui, de mieux caractériser les variétés et d’ajouter des critères pour faciliter le choix en fonction des débouchés.