Daniel Grasset, président de l’Unifa - « Un probable maintien des prix dans les années à venir »
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La traditionnelle rencontre de début de campagne de l’Unifa (Union des industries de la fertilisation) avec la presse a permis d’établir un bilan chiffré de la campagne écoulée. Les livraisons en France sur 2007-2008 repassent au-dessus de la barre des 10 millions de tonnes, à 10,489 Mt et plus 9 %. Hausse assez uniforme en azotés et potassiques (respectivement, plus 8,9 et plus 8,6 %), mais sensiblement plus élevée en phosphatés, avec plus 13,7 % (avec un facteur d’achat d’anticipation par la distribution estimé par l’Unifa à 5 %).
La hausse des surfaces de 4 %, et la volonté d’assurer leur potentiel de rendement expliquent en grande partie la hausse des utilisations. Elles ne devraient pas se confirmer sur la campagne en cours qui s’engage. Mais le ralentissement de la demande nationale n’aura pas d’impact sur les cours, qui continuent à grimper (voir notre tendance la semaine dernière). Ce n’est en effet pas sur le marché français, ni même européen que se jouent aujourd’hui les grands équilibres. C.D.
Une exception, toutefois, le marché de l’azote, encore approvisionné pour 48 % par les producteurs nationaux. Un pourcentage qui devrait rester stable, estime Daniel Grasset, président de l’Unifa. Ce sont en fait les 14 % de livraisons par les pays tiers qui posent problème aux industriels, avec le retour sur le bureau de la Commission européenne en 2009 du dossier des taxes anti-dumping sur les ammonitrates 33,5 %. « Le contexte politique actuel est défavorable », a résumé Daniel Grasset, la Commission ne semblant pas prête à contrarier le grand voisin russe, pourvoyeur de gaz, par des mesures de rétorsion. Les taxes anti-dumping (47 euros/t) sont de plus assorties de trois accords dérogatoires (deux pour les origines russes et un pour l’Ukraine) autorisant l’entrée sans droit dans l’Union à hauteur de 12 % du marché.
Reste que l’industrie nationale a bénéficié d’un sérieux bol d’oxygène avec la hausse conjuguée des prix et des volumes. Le chiffre d’affaires 2007 s’établit à 2,8 milliards d’euros. Soit déjà 40 % de mieux qu’en 2006. La hausse sera a minima de ce niveau en 2008. Une progression qui se traduit par une très nette amélioration de la situation financière de l’industrie, lui permettant d’investir dans la modernisation de ses outils industriels. Mais dans des limites raisonnables, insiste l’Unifa, qui pointe le différentiel important avec les pays non européens dans la mise en œuvre des mesures visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre.