Eclairage - Production laitière : c’est comment chez nos voisins européens ?

Quatre groupes de producteurs laitiers, adhérents à la coopérative bretonne Even, sont allés à la rencontre de leurs collègues européens pour voir comment eux aussi, ont abordé la fin des quotas, s'adaptent à la volatilité des prix sur le marché mondial… Ce fut aussi l'occasion d'identifier leurs atouts, leurs faiblesses et les possibles leviers de progrès. Bilan des voyages en Suisse, Allemagne, Danemark, Suède, Belgique et Pays-Bas.

- Les coûts de production sont au final assez proches d'un pays à l'autre. Malgré un coût de reprise d'exploitation jugé élevé en France, le principal atout de la Bretagne  reste un prix du foncier attractif (5 à 8 000 €/ha) contre 25 à 100 000 €/ha dans les pays d'Europe du Nord.

- Le coût du travail est en revanche supérieur en France à l'ensemble des pays visités, excepté la Suède : 194 €/1 000 litres pour la France, contre 140 €/1 000 litres au Danemark, mais 242 €/1 000 litres en Suède. De fait, la France a la plus faible rentabilité du travail (85 €/heure de travail), soit moitié moins qu'au Danemark et presque trois fois moins qu'en Allemagne.

- La formation du prix du lait est comparable dans les différents : ils sont indexés sur les marchés aval et ajustés avec un système de bonifications et de pénalités, basé sur la qualité (matière grasse, matière protéique, cellules, germes, …), auxquels peuvent s'ajouter des primes (saisonnalité, pâturage, quantité, …) et des retours sur résultats. La volatilité des prix fait partie intégrante du raisonnement.

- Des chartes qualité sont mises en place dans toutes les filières laitières des pays visités, répondant aux attentes sociétales. Elles se révèlent dans les faits plus ou moins exigeantes. La Suisse met en avant sa qualité de vie, la nature et les paysages. Au Danemark, en Suède et aux Pays-Bas, les chartes sont portées par les coopératives leaders, contrairement à l'Allemagne qui a opté pour une approche nationale transversale de la qualité du lait et du bien-être animal. Pas de différenciation entre entreprises.

- Les contrôles portant sur le respect des engagements et des cahiers des charges, sont en France réalisés en externe par des organismes indépendants. Dans les pays du nord de l'Europe, les démarches qualité ne font l'objet que de contrôles internes.

- Les fondamentaux du modèle coopératif sont comparables d'un pays à l'autre. Ceci, malgré des nuances culturelles et juridiques observées entre pays sur la transmission des exploitations (droit d'aînesse, systèmes favorisant les transmissions familiales au profit du repreneur…).