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Electromagnétisme, les animaux d’élevage sous tension

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Le 18 février, l’Opecst, office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, a tenu une audition publique sur les impacts des champs électromagnétiques sur la santé des animaux d’élevage. Malgré les alertes d’éleveurs, aucune étude scientifique n’a à ce jour prouvé un lien de causalité entre électromagnétisme et comportements des animaux.

En haut, Alain Crouillebois et Serge Provot, vice-président et président de l’Anast, Cédric Villani, - © D.R.
En haut, Alain Crouillebois et Serge Provot, vice-président et président de l’Anast, Cédric Villani, - © D.R.

Les impacts des champs électromagnétiques sur la santé des animaux d’élevage sont encore la source de nombreux questionnements. Pour tenter d’y voir plus clair, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, l’Opecst, a tenu une audition publique, le 18 février. Elle faisait suite à une saisine de la commission développement durable et aménagement du territoire de l’assemblée nationale sur le sujet.

Des symptômes réels

Les ondes électromagnétiques sont partout dans l’environnement : télévision, téléphonie, micro-ondes, électricité, ligne à haute tension, multiplication des parcs éoliens, etc… « En 2011, j’ai été victime des ondes électromagnétiques suite au remplacement d’une ligne électrique aérienne en ligne souterraine », confie Alain Crouillebois, éleveur laitier en Normandie et vice-président de l’Anast, association d’animaux sous tensions, qui se bat depuis près de trente ans pour faire reconnaître les nuisances des champs électromagnétiques sur les vivants. Regroupement anormal, baisse de la production et qualité du lait, fréquentation au robot de traite amoindrie, une santé, croissance et mortalité des veaux bouleversées : les symptômes observés par l’éleveur sont nombreux. Pourtant, des analyses réalisées avec le Groupe permanent pour la sécurité électrique (GPSE) n’ont détecté aucune anomalie sur les installations de l’agriculteur. « En 2019, par mes propres moyens financiers, j’ai déplacé l’ouvrage souterrain à 150 mètres de l’exploitation et comme par magie, tout est redevenu normal et nous avons retrouvé une vie sereine », insiste cependant le vice-président de l’Anast.

Des résultats « trop limités »

Le cas d’Alain Crouillebois n’est pas isolé. Charlotte Dunoyer, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés à la santé, l’alimentation et au bien-être des animaux de l’Anses, rappelle « qu’un rapport rendu en 2015 avait démontré que les résultats étaient trop limités et le protocole trop complexe. Il nous avait été impossible de conclure ». Selon les espèces, un stress modéré à sévère a retenu l’attention de l’Anses, qui n’a cependant pas pu aller plus loin dans sa conclusion. « Tous les animaux d’un même troupeau ne vont pas réagir de la même manière », précise Laurent Delobel, vétérinaire et directeur du Groupement de défense sanitaire (GDS) de Loire-Atlantique. Le contrôle des équipotentialités des équipements d’élevage est une priorité. Pour Claude Allo, président du GPSE, « la mise aux normes des installations est une lutte contre les courants parasites ».

Aucun lien de causalité

Malgré les nombreux témoignages des agriculteurs, qui ont bel et bien vécu des bouleversements après la mise en place d’une ligne électrique, éolienne ou antenne relais téléphonique, « aucune étude scientifique n’a caractérisé un lien de causalité direct entre la proximité d’une ligne électrique et la santé des animaux », insiste Delphine Porfirio, directrice du développement Concertation et environnement Réseau transport électricité (RTE). Les préconisations du GPSE portent surtout sur une mise aux normes des installations dans les élevages et rarement sur des anomalies du réseau géré par Enedis. Cédric Villani, député de l’Essonne insiste néanmoins sur le fait que « des cas de souffrances ont été rapportés et reconnus lors de cette audience ». Et d’ajouter : « trouver des remèdes sans connaître la cause scientifique n’aurait aucun sens. »