En Charente-Maritime, coop et négoces, unis autour d’une filière soja-eau-œufs !
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Le 23 juin, une nouvelle filière soja est née en Charente-Maritime, portée par une dizaine d’acteurs : des agriculteurs à l’enseigne U, en passant par six négoces et coopératives, un transformateur, les fermiers de Loué et Eau 17, le producteur d’eau départemental. L’enjeu : préserver la qualité de la ressource en eau tout en assurant une culture locale et durable de soja, rémunératrice pour les agriculteurs et destinée aux éleveurs de Loué.
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Les différents acteurs du projets se sont réunis le 23 juin pour signer la charte d’engagement. © AG[/caption]
Quatre ans d’échanges auront été nécessaires pour que naisse la filière soja responsable en Charente-Maritime. Celle-ci se situe plus particulièrement sur le bassin versant de l’Arnoult Lucérat, entre Saintes et Rochefort, classé, avec quatre captages d’eau potable, prioritaire au titre du grenelle de l’environnement. « L’idée de départ, en 2018 : identifier quelle culture pourrait être implantée pour reconquérir la qualité de la ressource en eau, détaille Maïder Barreix, animatrice Re-Sources pour le bassin versant. Après avoir étudié une trentaine d’espèces, le choix s’est tourné vers le soja, peu gourmand en azote, excellent précédent cultural et dont le caractère local, non OGM a séduit l’ensemble des partenaires. »
70 ha chez 15 producteurs
Tous les acteurs du projet (1) se sont donc rassemblés le 23 juin, à Luchat, pour signer la lettre d’engagement, validant ainsi le démarrage de la filière. Si les premiers hectares ont été semés l’an passé, avec plus ou moins de succès au vu des conditions climatiques, en 2022 le soja couvre 70 ha chez une quinzaine de producteurs. Chaque organisme stockeur impliqué pilote en moyenne une dizaine d’hectares, un peu plus pour Océalia.
Le soja payé 2,5 fois plus qu’un maïs irrigué
« Ce n’est pas simple de convaincre les agriculteurs de se lancer dans cette nouvelle production », concède Stéphanie Bureau, en charge de la collecte chez Isidore. « Le prix reste effectivement un critère décisif », complète Philippe Merle, directeur du pôle agriculture chez Océalia. Le prix proposé dans le contrat est indexé sur celui du maïs au moment de la récolte, avec un ratio de 2,5 minimum. « Dans la région, un maïs irrigué, c’est en moyenne 70 q/ha. Pour le soja, nous tablons sur 25 ! Cette production doit rester économiquement viable pour les producteurs sans quoi, ils n’iront pas », insiste Éric Guilbot, directeur de la coopérative de St Agnant.
Irrigation et désherbage mécanique, à privilégier
Jérôme Charrier, agriculteur à La Clisse (17), fait partie de la démarche. « Cette année, j’ai implanté 2 ha, explique-t-il. Les semences nous sont fournies gratuitement et nous sommes accompagnés techniquement par la chambre, l’institut technique Terres Inovia et par notre OS, Isidore pour ma part. » Les points de vigilance : le désherbage et les apports d’eau. « Il est préférable d’être équipé d’irrigation car cette culture est très sensible à la sécheresse, poursuit-il. Quant au désherbage, le cahier des charges interdit d’utiliser du métolachlore : les outils mécaniques, herse étrille ou autres, sont à privilégier ». Une fois récoltées, les graines sont acheminées chez le négoce Pasquier Vgt’al (79), équipé d’un toasteur. « Une étape indispensable pour rendre les graines plus digestibles pour les animaux », précise Christophe Pasquier le dirigeant.
2 millions d’œufs par an produits sous charte « qualité de l’eau »
Les contrats sont signés pour trois ans avec l’objectif, dans un premier temps, de récolter entre 230 et 270 tonnes de graines par an, soit les besoins estimés par Système U et Loué pour nourrir assez de poules pour produire 2 millions d’œufs dès la fin de l’année. Ces volumes seront redéfinis chaque année en fonction de l’accueil de ces productions dans les magasins. Quant au prix final dans les rayons, difficile d’avoir un chiffre précis mais Yves de La Fouchardière, directeur des Fermiers de Loué confie : « il y aura un surcoût certes, mais il devrait être peu visible. L’enjeu est bien de pérenniser cette nouvelle filière. » La gamme concernée : les œufs label rouge sous la marque U. Une mention précisant qu’ils auront été produits sous charte « qualité de l’eau » devrait être mentionnée sur la boîte.
(1) Les différents partenaires du projet :
- Les signataires : les organismes stockeurs (Isidore, Océalia, Coop de Beurlay, Coop de St Agnant, Naca), Pasquier VGt’al pour le toastage, Coop Atlantique, Système U, Loué et Eau 17.
- Les partenaires techniques : chambre d’agriculture, Terres Inovia, Delaroche Lebon.
- Les partenaires financiers : Département 17, région Nouvelle Aquitaine, Eau Grand Sud-Ouest.