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Enquête - Problème de trésorerie : les OS, au chevet des agriculteurs

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Plus d’un agriculteur sur dix (13 % exactement) envisagerait de cesser son activité dans les douze prochains mois. En cause : de graves problèmes financiers. Souvent comparée à celle de 2005, la crise actuelle semble plus aiguë car elle touche l’ensemble des productions. Les OS le pressentaient dès l’automne : les problèmes de trésorerie ne pouvaient que s’amplifier. Certains ont anticipé. Aujourd’hui, ils doivent tous y faire face.

« Baisse de moitié des achats de phyto et d’engrais en morte saison, hausse de l’utilisation des semences fermières, quasi arrêt d’investissement dans le matériel agricole… Les exemples sont criants. Les agriculteurs cherchent toutes les solutions pour ne pas signer de facture, constate Vincent Magdelaine, directeur de Coop de France. Les situations financières des exploitations sont très tendues. Sur le terrain, chaque structure a mis en place des solutions pour aider ses adhérents à passer le cap ». Dispositif de solidarité interne, modification de taux de rémunération des comptes, diminution des coûts de séchage, délai de paiement allongé, avance des compléments de prix… les options retenues sont nombreuses et calquées sur les profils des exploitations. Coréa (86) a par exemple choisi de puiser dans ses réserves pour permettre aux agriculteurs de différer le paiement de leurs factures. Dans le Loiret, chez Agro Pithiviers, des modalités de paiement ont été décidées, dès l’automne. « Dans ma zone, aucune exploitation ne devrait présenter un résultat positif cette année, constate Michel Bartolo, directeur de la coop. Nous devons réagir ». Anne Gilet

Photo : Certains agriculteurs, habitués à commercialiser leur collecte par eux-mêmes, ont dû se résoudre à la vendre à leur OS pour faire entrer un peu de trésorerie.

Et de poursuivre. « Le déficit par hectare est estimé entre 200 et 300 € ! A l’échelle d’une exploitation, la perte est colossale. D’autant plus difficile à assumer pour les agriculteurs qui ont fait de lourds investissements ». Au niveau départemental, des cellules de coordination sont mises en place pour échanger et trouver, ensemble des solutions. « Certains agriculteurs, habitués à vendre leurs céréales par eux-mêmes ont dû se résoudre à nous les commercialiser pour faire entrer un peu de trésorerie », confie Michel Bartolo.

Les OS ne sont pas des banquiers

Pour Vincent Magdelaine, « il est capital que les coopératives ne deviennent pas les banquiers des agriculteurs. Il faut trouver des solutions sans que celles-ci ne remettent en cause la pérennité des structures ». Voilà pourquoi par exemple Coop de France avait, dès 2009, militer pour que le monde agricole obtienne une dérogation pour la mise en place des nouveaux délais de paiement imposés par la LME, la loi de modernisation de l’économie (cf notre lettre du 20/07/09). « Il faudrait peut-être repenser la politique fiscale des agriculteurs, poursuit-il. Instaurer une vraie DPA (déduction fiscale pour aléas) qui leur permettrait de se créer un fonds pour les mauvaises années et non d’utiliser cette ressource pour investir et au final, se créer de nouvelles charges ». Christophe Armbruster, dirigeant du négoce Armbruster (68), confie travailler avec les banquiers depuis plusieurs semaines déjà. « L’idée est de bâtir des solutions pour l’avenir tout en trouvant des arrangements dès à présent ».