« La distillerie est la meilleure voie environnementale », Claire Douence, directrice de l’UNDV
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Suite à la parution du décret et de l’arrêté relatifs à la valorisation des résidus de la vinification, les viticulteurs pourront éliminer ces sous-produits par compostage et méthanisation, et épandage. Trois voies supplémentaires qui s’ajoutent à la distillerie. L’Union nationale des distilleries viticoles, UNDV, s’est battue contre cette nouvelle législation, qu’elle estime contraire aux prérogatives environnementales. Le Conseil d’administration de l’UNDV se réunit ce 5 septembre, notamment pour aborder cette question. Entretien avec Claire Douence, directrice de l’UNDV. Référence environnement : L’UNDV soutient que la distillation est la meilleure voie environnementale à l’élimination de ces résidus. Sur quoi vous appuyez-vous ? Claire Douence : Les marcs de raisins et les lies de vin, considérés comme des résidus qu’il faut donc éliminer, peuvent être polluants en raison de leur teneur en alcool et des émissions de COV, les composés organiques volatils. Plusieurs études, l’une menée par un cabinet d’études indépendant en 2012 pour la Commission européenne et l’autre par le ministère de l’Agriculture menée par l’Institut français de la vigne et vin en novembre 2013, confirment que la distillerie est la solution la plus respectueuse de l’environnement pour éliminer les résidus de vinification, par rapport à l’épandage, au compostage, ou à la méthanisation. Et ce, en matière de qualité des écosystèmes, de la ressource en eau, du changement climatique ou de la santé humaine. En effet, les distilleries françaises collectent 850 000 tonnes de résidus de vinification en seulement quelques semaines avec des bennes. Puis, elles les stockent et les bâchent ce qui permet d’éviter les émissions de COV. C’est une filière sécurisée. Nous ne comprenons surtout pas la possibilité d’épandage et de compostage, directement à la ferme, des marcs désormais permise par la nouvelle législation. R.E. : Quid de la méthanisation ? C.D. : Pour nous, la méthanisation est intéressante à l’issue de la distillation. En effet, la distillation émet de nombreux co-produits : alcool, pulpe, pépin, tartrade, etc. Ces derniers alimentent d’autres filières, comme l’agro-alimentaire, la cosmétique, ou encore le secteur des engrais. Nous venons de lancer un programme de recherche et développement sur l’extraction de molécules biosourcées issues du marc de raisin. En cela, la distillerie s’insère complètement dans une économie circulaire. Méthaniser directement ces résidus, en arrêtant de valoriser une partie de ceux-ci dans les filières économiques à haute valeur ajoutée, est fortement regrettable. R.E. : Pensez-vous que cette nouvelle législation va fragiliser la distillerie ? C.D. : Nous espérons que les vignerons continueront à nous livrer leurs résidus. Ils ont tout intérêt à le faire car nous nous occupons de l’ensemble de la logistique et des contraintes réglementaires pour éliminer ces résidus, contrairement aux autres filières. Nous y verrons plus clair avec le début de la campagne.
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