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Ergot des céréales : appréhender cette problématique montante de l’amont à l’aval

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Arvalis-Institut du végétal a consacré son cinquième colloque sur la sécurité sanitaire des céréales à l'ergot, champignon responsable d'intoxications humaines et animales et dont la problématique monte en puissance depuis une quinzaine d'années. Des tests « encourageants » ont permis de dresser un début de hiérarchie entre les différentes solutions de traitement de semences. Un premier screening en conditions contrôlées, suivi de tests au champ, ont permis de dégager une efficacité potentiellement intéressante pour Vitavax 200 FF (carboxine + thirame) et l'association Prelude + Premis (prochloraze + triticonazole). « L'évaluation est à poursuivre, précise Laurent Maunas, ingénieur d'études chez Arvalis. Il existe des variations non-négligeables à décrypter, liées aux effets lots, au climat… »

Le message-clé de l'institut : le traitement de semence est une voie prometteuse, mais avant tout complémentaire du triage, qui reste indispensable. Sur ce thème, Katell Crepon, du pôle stockage des grains d'Arvalis, a présenté les résultats d'une évaluation des différents matériaux de tri. « Les tables densimétriques et les trieurs optiques sont plus efficaces que les nettoyeurs séparateurs, très présents chez les organismes stockeurs », constate-t-elle. Néanmoins, ces nettoyeurs-séparateurs, qui présentent un meilleur débit, peuvent être paramétrés pour atteindre des taux de réduction de contamination conséquents (-40 à -45 %). « Il y a néanmoins un arbitrage à faire, car ce paramétrage implique aussi des freintes (1) plus importantes. C'est à l'organisme stockeur de faire la part des choses entre ces freintes et un possible déclassement de la production. »


Focus sur les leviers agronomiques

Claude Maumené, spécialiste fongicides chez Arvalis, distingue trois axes agronomiques de lutte contre l'ergot. D'abord, éviter d'introduire la maladie dans les parcelles en choisissant des lots de semences sains, et en fauchant les bords de champ avant floraison, où les graminées potentiellement vecteurs sont nombreuses. Pour la même raison, la stratégie de désherbage est décisive. Ensuite, éviter le déploiement de l'inoculum : le travail du sol peut permettre d'enfouir le pathogène en profondeur, où il est moins nuisible. Les études montrent que le schéma le plus favorable est un labour en année 1, puis un travail simplifié en année 2. L'ergot ayant une durée de vie limitée, organiser la rotation sans culture hôte pendant une période de deux ans est une autre idée.

(1) quantité de grains sains que l'on prend le risque de perdre en modifiant les paramètres de tri.