Eureden, Valorex et Tromelin créent un GIE pour une indépendance protéique de la Bretagne
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Pour sortir la Bretagne de sa dépendance en protéines végétales, trois acteurs du territoire, la coopérative Eureden et les entreprises de nutrition animale Tromelin et Valorex, se sont réunis au sein d’un groupement d’intérêt économique (GIE). L’ambition est, à terme, d’étendre le modèle au niveau national.
Attendu de longue date, la mise en place d’un plan protéines a été annoncée par le ministre de l’Agriculture, dans le cadre du plan de relance. Son ambition sera de sortir de la dépendance aux importations de soja notamment. Si le cadre national est posé, les acteurs du territoire se mobilisent également. Le groupe coopératif EUREDEN et les entreprises de nutrition animal Valorex et Tromelin nutrition ont annoncé, le 17 septembre, la création du Groupe d’intérêt économique « Services de valorisation des protéines », encore appelé GIE SVP. Objectif : réduire la dépendance en protéines de la Bretagne, qui atteint les 95 % pour les matières riches en protéines, et substituer au soja d’importation des matières premières plus respectueuses de l’environnement. « Il s’agit de co-construire une filière de production végétale riche en protéines qui soit rentable et dont le modèle serait dupliqué à l’échelle du pays », précisent les partenaires.
Lever les freins techniques et économiques
Le GIE s’est fixé plusieurs ambitions. En premier lieu, l’amélioration des rendements et de la rémunération des producteurs. Les légumineuses à graines occupent aujourd’hui 0,6 % de la surface agricole bretonne quand les céréales en couvrent près de 30 %. « Les protéagineux sont sensibles aux adventices ainsi qu’à certaines maladies d’origine tellurique et à certains bioagresseurs. Dans ce contexte et en l’absence de marché rémunérateur, les marges brutes annuelles sont estimées comme étant près de deux fois moins importantes que celles d’autres cultures », indiquent les partenaires. Pour lever ces freins techniques, sanitaires et économiques le GIE a déjà validé quatre projets. Ils concernent la recherche variétale et pédoclimatique, la constitution d’un référentiel numérique d’analyse des performances, la création d’un OAD, et la mise en place d’un système de contractualisation en lien avec la production animale.
Cinq millions d’euros investis sur le volet industriel
Le GIE souhaite par ailleurs développer de nouvelles technologies industrielles. Plus de cinq millions d’euros ont été investis dans deux outils pour améliorer les lignes de cuisson et favoriser l’intégration des graines dans l’alimentation animale. L’objectif est également de développer l’utilisation de protéagineux extrudés en remplacement du tourteau de soja importé, en ruminants et en monogastriques. Enfin, le GIE affiche son intention de valoriser le surcoût endossé par les éleveurs avec des filières adéquates. La gouvernance sera assurée par Yves Nicolas de chez Eureden, Henri Tromelin de l’entreprise éponyme, et Stéphane Deleau de chez Valorex. Des groupes de travail ont été constitués et se réuniront deux fois par mois. Des restitutions fréquentes aux membres du GIE sont prévues. Un budget prévisionnel annuel de 225 000 € est estimé pour 2020-2022
*Autonomie en oléagineux et protéagineux en Bretagne en 2018 (France AgriMer, 2019 et Nutrinoë, 2019)