Export : comment rebondir après la récolte 2016
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Les 8èmes rencontres annuelles de France export Céréales se sont tenues à Paris le 22 mars avec pour thème « rebondir par la qualité et la disponibilité ». Les échanges ont tourné autour de la récolte catastrophique de 2016 en France et son absence du marché export. Retour sur les points marquants de cette matinée.
Moins de part de marché en Algérie
L'Algérie a beau avoir augmenté ses importations de blé tendre depuis 2008, la France ne parvient pas à exporter davantage. « La France maintient ses volumes, à l'exception de cette année, mais pas sa part de marché », constate Yann Lebeau de France Export céréales. De 90 % en 2013/2014, elle n'était que de 70 % sur 2015/2017 et de 40 % sur cette campagne. L'Europe du Nord et les pays baltes remplacent les grains français. Suite à la mauvaise récolte nationale de 2016, les besoins du Maroc en blé tendre étaient considérables. Une situation qui n'a pourtant pas profité à la France, mais à la Russie et l'Ukraine en début de campagne. « C'est une vraie claque. Si nous parvenons à atteindre les 300 000 tonnes, contre les 2,4 Mt l'an passé, nous serons heureux », déplore Yann Lebeau.
Afrique subsaharienne : « la brèche est ouverte »
En Afrique subsaharienne, la demande en blé progresse chaque année d'environ 5 %. « Les opérateurs travaillent de manière fusionnelle et ont jusqu'à présent toujours privilégié les blés tendres français, même 10 à 15 dollars plus chers », souligne Yann Lebeau. Mais cette année, faute de volumes disponibles dans l'Hexagone, les opérateurs d'Afrique subsaharienne n'ont eu d'autre choix que de chercher de nouvelles origines. « Même s'ils restent pro-français, la brèche est ouverte et ils ne craignent plus du tout les blés de Mer Noire », admet l'expert.
Gagner en compétitivité sur toute la chaine
La France garde pour l'instant un avantage sur les blés en provenance de la Mer Noire : celui du coût logistique. « Le coût départ ferme est environ deux fois supérieur à celui de la France », indique Jean-François Lépy de Soufflet Négoce. Toutefois, les pays de l'Est progressent à grande vitesse sur le sujet, et la France elle, n'a que peu de marge de manœuvre. « Les investissements logistiques réalisés en Ukraine ces derniers temps vont considérablement abaisser les coûts de transport et cela constitue un énorme challenge pour la France », affirme Jean-Michel Aspar, président du Synacomex. Autre inconvénient des pays de l'Est : la pression en pucerons et donc leurs taux de grains piqués, critère rédhibitoire pour le cahier des charges algérien notamment. « Le jour où l'Algérie reverra ses critères à 0,5 ou 0,8 % pour les grains piqués, alors le marché s'ouvrira aux blés russes et ukrainiens », alerte Jean-François Lépy. Un scenario qui n'a rien d'une fiction pour les différents spécialistes présents lors de cette journée.
Blé fourrager : un marché d'opportunité mais pas structurant
Les volumes réalisés sur l'Asie du Sud-Est ces dernières campagnes laisseraient à penser à un possible débouché stratégique. « Un blé rendu à l'agriculteur à 115 €, est-ce un débouché satisfaisant ? », s'interroge François Luguenot, de InVivo trading. Le prix du blé fourrager destiné aux marchés asiatiques dépend fortement du coût de fret et est lié à celui du maïs. Les années où le prix du maïs flambe peuvent constituer une aubaine pour les blés fourragers français, mais cette option ne doit en rien devenir une stratégie à long terme pour les opérateurs.
Photo : Yann Lebeau au centre