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Export de céréales : une activité réduite de moitié… pour différentes raisons

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L'activité export de céréales depuis les ports français tourne au ralenti. A Rouen, le manque de volume et de qualité détournent les clients de la marchandise française. A la Rochelle, quantité et qualité sont au rendez-vous et pourtant, le courant d'affaires s'affiche également très calme. En cause, les prix qui découragent les agriculteurs de vendre. Le point chez Sénalia et à la Sica Atlantique.


« Du jamais vu ! Depuis le mois de juillet, les volumes exportés en céréales ont été divisés par plus de deux, comparés à une année classique, constate Alain Charvillat, directeur céréales export chez Sénalia. Je pense que ce sera calme jusqu'à la fin de l'année. Il nous reste encore un peu de trafic à venir sur le mois de septembre mais après, c'est l'inconnu ». A Rouen, deux aspects sont à prendre en compte : des volumes en retrait et une qualité qui ne répond pas aux attentes des clients. C'est le cas de l'Algérie qui ne veut pas des blés français, trop faibles en PS. Or, ce pays achète près de la moitié de nos blés. « Nous avons fait quelques bateaux vers les USA avec du blé fourrager, vers la Chine et la Tunisie avec des orges fourragères. Des trafics bien inhabituels, précise-t-il. Les pays qui alimentent nos clients historiques cette année - les pays d'Europe de l'Est notamment qui eux, sont capables de répondre aux exigences qualitatives - deviendront, à n'en pas douter des concurrents pour l'année prochaine. Cela risque de créer un antécédent ».

A la Sica Atlantique aussi, les chargements sont moins importants. « En juillet et août, nous avons exporté moitié moins de volumes que l'an passé, confie Simon Aimar, directeur de l'activité céréales à la Sica Atlantique. En cause, les prix qui ne sont pas assez attractifs pour les vendeurs. Les agriculteurs, découragés de vendre à ce prix, attendent que les prix remontent. Tant qu'ils ont suffisamment de trésorerie, ils conservent leur marchandise. Les clients, eux, papillonnent… La mer Noire draine actuellement tous les intérêts, notamment vers le Maghreb. Nous, nous alimentons avant tout le marché intracommunautaire. L'an passé, nos carnets de commandes étaient pleins trois semaines à l'avance. Là, cela se joue au jour le jour. »


Où sont les blés de la récolte 2015 ?

C'est la question que se pose tous les opérateurs. Alain Charvillat estime que les blés de la récolte 2015 - dont les tonnages stockés chez les agriculteurs étaient encore importants en juin 2016-, ont dû alimenter le marché français début juillet. Pour Simon Aimar, ces volumes sont encore dans les fermes. « Dans notre région, la qualité des blés 2015 était inférieure à celle de cette année, notamment en termes de protéines. Or, pour l'heure, les tonnages réceptionnés sont de qualité homogène, conforme aux caractéristiques de la moisson 2016 : ce qui nous laisse penser que les blés 2015 ne sont pas encore arrivés sur le marché ». Dans la zone de chalandise du port de la Rochelle, les blés tendres devraient bien s'en sortir car ils répondent aux qualités requises à l'export. Reste à savoir quand les agriculteurs décideront de les vendre.