Export des grains, marché des oléagineux… les conséquences de la guerre en Ukraine
Le
Le 13 avril, à l’issue du conseil spécialisé de FranceAgriMer dédié aux grandes cultures, Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre, a fait le point sur les conséquences de la guerre en Ukraine sur le marché des céréales et des oléagineux. Principaux points évoqués : des exportations au ralenti, et des tensions sur le marché des huiles et des tourteaux d’oléagineux.
D’après les données de FranceAgriMer, les exportations depuis l’Ukraine se poursuivent. « Certes, à un rythme bien moins soutenu mais nous estimons que 1 million de tonnes de grains sortent chaque mois du pays, contre 6 Mt en temps normal, rapporte Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer. Les ports fluviaux du Danube (Izmaïl et Reni) fonctionnent encore. Alors que la logistique par camions reste compliquée, les grains exportés par fret ferroviaire représentent un volume de 30 000 tonnes par jour. Le gros souci, c’est l’écartement des voies, différent entre l’Ukraine et la Pologne. Résultat : des millions de wagons sont actuellement bloqués aux frontières. »
Les exportations russes se poursuivent
Côté Russie, les exportations ont semble-t-il diminué de près de 20 %. « Leurs céréales continuent d’être achetées en raison de leur prix compétitif mais cela pourrait s’atténuer au fur et à mesure de la durée du conflit », souligne-t-il. À prendre en compte également : l’identification des ports russes, au même titre que ceux de la mer Noire et de la mer d’Azov, comme des zones à risque par les assureurs maritimes ; la forte hausse du coût du fret qui incite les importateurs à acheter au plus près.
Situation critique pour le marché des protéines non-OGM
Alors que l’Ukraine et la Russie représentent 80 % des échanges mondiaux en huiles et tourteaux de tournesol, les opérateurs recherchent de nouvelles sources de protéines. « Notamment pour les filières non-OGM, précise Marc Zribi. Ce marché atteint un point critique avec l’arrêt des expéditions de tourteaux de tournesol HiPro ukrainiens non-OGM, déjà très demandés avant la guerre pour remplacer le soja non-OGM dont l’offre est limitée. » Bien évidemment, l’inquiétude porte également sur la capacité des Ukrainiens à emblaver leurs cultures de printemps.
Switch de l’huile de tournesol vers le colza
Cette forte tension sur le marché du tournesol impacte également celui du colza car toutes les huiles végétales se retrouvent à des prix jamais atteints. « Nous assistons à un switch de la demande des fabricants de produits alimentaires européens et du biodiesel, de l’huile de tournesol vers l’huile de colza, indique Marc Zribi. Les tensions sur l’approvisionnement en huile de tournesol et en huile de soja se sont transmises à l’huile de palme. En Indonésie par exemple, des pénuries sur le marché intérieur se font sentir avec à la clé, des restrictions à l’exportation. Les gouvernements des pays en développement réagissent par des allègements fiscaux. C’est le cas notamment au Bengladesh avec une baisse de la TVA sur les huiles comestibles et une baisse des taxes à l’importation sur les huiles au Pakistan. Quant à l’Inde, fortement dépendante des importations en huile de palme et de tournesol pour son alimentation, elle se tourne vers l’huile de soja et de colza. »