Export français : entre confiance et inquiétude chez Agritel
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Agritel a dressé, le 30 août, les perspectives d'export pour la collecte française. « Sans problème, la France va récupérer son leadership de premier exportateur européen », se réjouit Alexandre Boy, analyste consultant chez Agritel. La société de conseil estime que 18,4 Mt de blé devraient être disponibles pour l'export sur la collecte de 33,4 Mt. Avec une très belle qualité et une récolte précoce par rapport à ses voisins, la France a réalisé un très bon début de campagne vers l'espace communautaire. « Sur le mois de juin, près de 950 000 tonnes ont été exportées, soit le meilleur chiffre d'export mensuel depuis 2006 », constate Alexandre Boy. Victime de fortes précipitations sur juillet, la récolte allemande devrait subir un revers quantitatif et qualitatif. La moitié des blés pourrait être déclassée en fourrager, une aubaine pour la France.
Maghreb : bon potentiel sur l'Algérie, moins sur le Maroc
Les chargements vers l'Algérie ont aussi été plutôt bons durant l'été. La France a occupé 100 % des importations algériennes sur juillet/août. « Il reste à espérer que la concurrence ne soit pas trop brutale en novembre, avec l'arrivée de l'Argentine », souhaite Alexandre Boy. En revanche, les perspectives se gâtent pour le Maroc. Ce pays a réalisé une bonne moisson et devrait privilégier au maximum son marché local. « Le marché risque d'être protégé jusqu'à décembre environ, c'est à ce moment que nous devrons d'être compétitifs », souligne Alexandre Boy, qui ne prévoit toutefois pas de dépasser le million de tonnes exportées vers ce pays pour 2017/2018.
Les volumes russes pèsent sur les cours
Même si la France ne devrait pas peiner à exporter ces volumes, une question demeure : à quel prix ? Car depuis juillet, les cours des céréales se sont effondrés. La révision très nettement à la hausse de la collecte russe a considérablement pesé sur les cours. En juin, les analystes prévoyaient 60 Mt pour la collecte russe qui aujourd'hui est estimée à plus de 82 Mt, soit 65 % de plus que la moyenne 2001-2015. A cela s'ajoute un effet défavorable de la parité euro-dollar dont le renforcement depuis le mois de mai a coûté 20 €/t. « Si la parité était restait fixe depuis mai, la tonne de blé se vendrait 20 € plus chère », explique Alexandre Boy. Un manque à gagner qui accentue la situation catastrophique des exploitations agricoles. « Ce n'est pas cette année que les agriculteurs vont boucher le trou de 2016. Il devrait même se creuser davantage, avec des disparités, comme à l'Est où il sera plus marqué », s'inquiète Michel Portier. Seul espoir concernant la Russie pour cet hiver : que le climat handicape la logistique interne pour freiner les chargements.
Photo : Michel Portier, directeur d'Agritel et Alexandre Boy, analyste.