Référence agro

Export : la Russie s’incruste sur les marchés de prédilection de la France

Le

Les exportateurs et organismes stockeurs français présents lors des 9è rencontres de France Export Céréales, le 21 mars à Paris, ont échangé sur la nécessité de renouer avec leurs clients, dans une compétition accrue. Sans surprise, la Russie a monopolisé les échanges. Le constat est sans appel : le blé russe séduit les acheteurs historiques de céréales françaises. « Le blé russe répond à 100 % à nos besoins », déclare Imad Talil, du groupe Olam au Sénégal. « Avec le blé russe, la qualité et le prix sont au rendez-vous, c'est facile de choisir », témoigne Rachid Chamcham, de la fédération nationale de minoterie au Maroc. Même constat au Cameroun où les blés russes représentent 48 % des importations sur le début de la campagne 2017-2018… alors qu'ils ne constituaient que 1 % des 630 000 tonnes importées en 2015-2016. Les meuniers s'accordent à dire que les blés français sont faciles à travailler, mais manquent de régularité dans la qualité d'une campagne à l'autre ; et dans tous les cas, s'avèrent plus chers que les blés russes.

Un diagnostic pour chiffrer le déficit de compétitivité de la filière française

« Nous savons que les 30 à 50 € par tonne qui manquent aux exploitations françaises dépendent de la production de masse mondiale. La question de la compétitivité de la filière, en matière de collecte, logistique ferroviaire ou portuaire, ne joue qu'aux alentours de 10 € par tonne », explique Jean-François Loiseau, président d'Intercéréales et d'Axéréal. Malgré tout, la filière doit aller « gratter » ces quelques euros. Intercéréales va donc lancer avec FranceAgriMer, une étude sur la chaîne des coûts, en partant de l'exploitation agricole, jusqu'au silo d'exportation ou l'usine de transformation. L'objectif : identifier d'ici à l'automne les gains possibles, sans pour autant que l'agriculteur ne devienne la variable d'ajustement.

Photo : Rachid Chamcham, de la fédération nationale de minoterie au Maroc, Claudine Bessala, des Moulins La Pasta au Cameroun, et Imad Talil, du groupe Olam au Sénégal.