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Glyphosate : l’Inra prône un changement « en profondeur »

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Le rapport de l'Inra sur le glyphosate, suite à une saisine commune des ministres chargés de l'Écologie, de la Santé, de l'Agriculture et de la Recherche, a été rendu public le 4 décembre. La difficulté à trouver une ou des alternatives aussi efficaces et simples d'application que le glyphosate incite les auteurs à ne pas miser sur une substitution « toutes choses égales par ailleurs ». Les spécialistes l'affirment : « L'adaptation à un arrêt du glyphosate passe par des changements profonds. » Et généralisés : toutes les exploitations sont invitées à envisager une approche systémique de l'agriculture, incluant plus d'outils, de pratiques, et la prise en compte de paramètres agronomiques.

En ce sens, le rapport met en exergue l'importance de réduire la dépendance à l'ensemble des herbicides, au-delà du seul glyphosate. Désherbage mécanique, travail superficiel du sol, labour, gel hivernal des couverts intermédiaires, autres herbicides homologués… sont autant d'alternatives recensées par l'Inra pour y arriver.

Des alternatives dont l'adoption n'est pas instantanée

Si certains réseaux Dephy activent déjà ces leviers avec une certaine efficacité, les auteurs évoquent « des freins majeurs » les concernant : impact économique, temps de travail, évolution du parc de matériel… une réalité qui nécessite d'aborder le post-glyphosate « sur une échelle de temps prenant en compte la mise en œuvre de ces techniques alternatives. »

Ces solutions ne sont toutefois pas adaptables à toutes les situations. Le rapport liste plusieurs cas de blocage plus profond. L'agriculture de conservation, la production de semences ou de légumes de plein champ sont citées, tout comme certaines cultures des DOM, le lin fibre ou les fruits à coques. Là encore, le rapport en appelle à un « rythme de transition » tenant compte de ces impasses. Et souligne que la recherche a un rôle important à jouer pour améliorer l'efficacité et la facilité de mise en œuvre des techniques alternatives disponibles, et en trouver de nouvelles.


Un surcoût « délicat » à évaluer

Si tourner la page glyphosate a un prix, le rapport reste prudent sur ce chapitre. Les auteurs évoquent une évaluation du surcoût économique « délicate », précisément en raison de la grande variabilité des problématiques et des solutions existantes d'une culture à l'autre. Le document flèche toutefois des mesures d'accompagnement pour fluidifier la sortie du glyphosate.

Les aides à l'investissement, les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEc), le recours à la réglementation, et notamment aux Certificats d'économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP), sont à privilégier. Le rapport invite également à s'appuyer sur des dynamiques collectives déjà existantes dans les secteurs du conseil et de la formation. Et suggère, enfin, de favoriser la reconnaissance de produits issus de filières sans glyphosate.