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Grandes cultures, la feuille de route décarbonation pourrait être intégrée à la planification écologique

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À l’occasion du congrès annuel des céréaliers, organisé cette année le 25 mai à Paris, le vice-président de l’AGPB, Olivier Dauger, est revenu sur l’élaboration d’une feuille de route décarbonation pour les filières de grandes cultures. Un point d’étape avec le ministre de l’Agriculture est prévu fin juin. Des réflexions seraient par ailleurs en cours pour intégrer ce document à la planification écologique.

Olivier Dauger, vice-président de l’AGPB ; Thierry Caquet, directeur scientifique environnement d’In - © D.R.
Olivier Dauger, vice-président de l’AGPB ; Thierry Caquet, directeur scientifique environnement d’In - © D.R.

Lors d’un conseil national de transition écologique réuni le 22 mai, la Première ministre a laissé entendre que le secteur agricole devrait réduire de 13 MtCO2eq ses émissions de gaz à effet de serre, d’ici à 2030. Un enjeu sur lequel s’est tout particulièrement penchée la filière céréalière, à l’occasion de son congrès annuel, organisé le 25 mai 2023. Le sujet a été abordé lors d’un temps d’échange sur la feuille de route décarbonation, en cours de construction, pour laquelle les travaux ont été officiellement lancés au Salon de l’agriculture. « L’agriculture est très attendue, pose Olivier Dauger, le vice-président de l’Assemblée générale des producteurs de blé, AGPB. L’ensemble des secteurs doivent réaliser leur propre feuille de route et, à chaque fois, la biomasse agricole fait partie des solutions. »

Identifier des leviers offrant des perspectives

Le document en cours de rédaction par la filière grandes cultures, devrait être organisée autour de deux scénarios principaux, rappelle Olivier Dauger à Référence Agro. « Le premier, qui se situe à court et moyen terme, porte sur l’activation de l’ensemble des leviers connus. Nous savons néanmoins que ceux-ci ne nous permettront pas d’atteindre l’objectif final de réduction des émissions. Nous menons donc des réflexions autour d’un second scénario pour déterminer quelles autres actions mettre en place d’ici à 2030. » Il insiste également sur l’enjeu de l’attractivité des leviers à déployer. « Des solutions existent, comme la culture de protéines végétales, dont on parle depuis 50 ans, mais il faut des débouchés, plaide Olivier Dauger. Ce qui fonctionne aujourd’hui, c’est l’agrivoltaïsme et la méthanisation, car ces filières offre des perspectives sur 20 ans. »

Une feuille de route décarbonation à finaliser rapidement

Le rendu de ces travaux est prévu, selon le calendrier initial, à la fin de l’année, avec un point d’étape en juin, pour valider l’ossature du document. Si ce rendez-vous est toujours à l’ordre du jour, la finalisation de la feuille de route pourrait être légèrement avancée. En effet, selon Olivier Dauger, celle-ci pourrait être intégrée au grand navire de la planification écologique, dont la feuille de route doit être finalisée à l’automne. Une éventualité dont se satisfait le vice-président de l’AGPB : « Les travaux avancent bien, ce serait bien d’y avoir notre place, afin d’être sur un pied d’égalité avec les autres secteurs. Mais il faudra aller vite, car la feuille de route de la planification écologique doit être sur pied pour finaliser la loi énergie-climat, attendue au Parlement à l’automne. »

Rires jaunes sur la « carte blanche » de Christophe Béchu

Lors du lancement des travaux, au Salon de l’agriculture, Marc Fesneau et Christophe Béchu avaient nettement mis en avant leur unité sur ce dossier. L’intervention vidéo du ministre de la Transition écologique, lors du congrès de l’AGPB, a néanmoins déclenché de nombreux rires jaunes dans l’auditoire. « La réalisation de cette charte de décarbonation, qui est essentielle, ne peut réussir sans votre engagement, y déclare Christophe Béchu. Il ne s’agit pas de rajouter une couche de contraintes. Sur les sujets de la qualité des sols, des engrais, de la consommation d’eau, de l’utilisation des produits phytosanitaires, vous avez carte blanche pour faire des propositions novatrices et ambitieuses. » Une formulation qui n’a pas plu à tout le monde. « C’est le terme de « carte blanche » qui a fait tiquer ; nous espérons qu’à l’heure des arbitrages, nos propositions seront écoutées », réagit Olivier Dauger.