Erik Fyrwald, Syngenta, « l’agriculture biologique nuit au climat et encourage l’utilisation des terres »
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Dans une interview publiée par le magazine suisse NZZ le 7 mai, Erik Fyrwald, PDG de Syngenta, a fustigé l’agriculture biologique. Une prise de position qui n’est pas passée inaperçue. « Les rendements de l’agriculture biologique peuvent être jusqu’à 50 % inférieurs, selon les produits, a-t-il affirmé. Nous ne pouvons pas simplement ignorer la production plus faible. Des gens en Afrique sont privés de nourriture parce que nous voulons des produits bio et que nos gouvernements soutiennent l’agriculture biologique. »
Une charge contre les pesticides naturels
Autre grief du patron de Syngenta contre l’agriculture biologique, elle « nuit au climat et encourage l’utilisation des terres. Elle nécessite de plus grandes surfaces, et les champs doivent en outre généralement être labourés, ce qui augmente les émissions de CO2 ». Selon lui, l’utilisation de pesticides naturels, en lieu et place des pesticides de synthèse ne résout aucun problème : « dans la viticulture bio, le cuivre, un métal lourd, est utilisé pour lutter contre les attaques fongiques. Selon l’UE, il n’y a pas d’utilisation sûre du cuivre, mais il est autorisé parce qu’il est naturel. » Erik Fyrwald a souligné la volonté d’Emmanuel Macron de ré-examiner l’objectif de l’UE de 25 % d’agriculture biologique.
Les solutions selon Erik Fyrwald, : l’édition du génome et l’agriculture régénératrice
Pour le PDG de Syngenta, l’édition du génome est l’une des solutions : « Il est possible de rendre des variétés déjà existantes issues du même pool génétique plus résistantes à la chaleur, aux champignons ou aux parasites grâce à des modifications ciblées et mineures du patrimoine génétique, par exemple avec la méthode Crispr/Cas. C’est très similaire au processus d’évolution naturelle. » Autre piste, l’agriculture régénératrice, de plus en plus plébiscitée par les industriels, bien que soumise à des critiques. « L’agriculture régénératrice emprunte à l’agriculture biologique la rotation des cultures pour que les sols restent sains, indique Erik Fyrwald. Parallèlement, des pesticides sont utilisés de manière ciblée pour que les champs ne soient pas labourés et que le CO2 reste dans la terre. Pour cela, il faut des plantes qui résistent aux conditions météorologiques extrêmes. »
La prise de position du PDG de Syngenta a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.