« Le rêve de blés qui fixent l’azote n’est pas pour demain », Bertrand Hirel, directeur de recherche au CNRS
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Les biotechnologies peuvent-elles aider à réduire l’usage des engrais azotés, qui entraîne des émissions de gaz à effet de serre ? Malgré les espoirs que suscitent ces technologies et de nombreux travaux scientifiques, pour Bertrand Hirel, directeur de recherche au CNRS, les résultats fiables manquent. « Il n’y a actuellement pas d’application biotechnologique sur le sujet », a-t-il lancé le 11 octobre 2022 lors du colloque de l’Association française des biotechnologies végétales, AFBV.
Pourtant, les chercheurs ont identifié des gènes majeurs impliqués dans le cycle de l’azote chez le maïs et le blé. Des essais de transgenèse, pour surexprimer certains gènes, ont été réalisés aux États-Unis, notamment avec Limagrain. Mais les résultats sont aléatoires. Les scientifiques ont également tenté de créer des céréales capables de fixer l’azote atmosphérique, à l’instar des légumineuses comme le pois ou la luzerne. « C’est très compliqué à faire, reconnaît Bertrand Hirel. Nous sommes loin d’avoir du blé ou du maïs avec des nodosités. Le rêve de blés qui fixent l’azote n’est pas pour demain. » Les chercheurs travaillent également sur la mycorhization des racines, avec des champignons symbiotiques qui aideraient la plante à absorber davantage d’azote du sol.