Philippe Camburet (Fnab), « Je regrette l’absence d’un plan de relance de l’AB »
Le | Ils-l-ont-dit
Parmi les mesures annoncées fin janvier et début février 2024 par le Premier ministre Gabriel Attal figure un plan d’aide à l’AB de 50 millions d’euros. Largement insuffisant selon la Fnab et son président Philippe Camburet, qui souhaitait une enveloppe au moins équivalente à l’amendement voté en novembre dernier par l’Assemblée nationale.
Et si la filière bio était la grande perdante des annonces faites le 1er février 2024 par le Premier ministre Gabriel Attal ? C’est en tout cas le sentiment de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) qui, par l’intermédiaire de son président Philippe Camburet, s’estimait « abandonnée par le gouvernement et les syndicats » dans un communiqué publié le lendemain. Seule mesure à leur attention : une enveloppe de 50 millions d’euros promise par Gabriel Attal une semaine plus tôt, lors d’un déplacement en Haute-Garonne. Bien loin des 271 millions d’euros d’un plan d’urgence voté, début novembre 2023, par des députés issus de toutes les formations politiques, puis finalement écarté du projet de loi de finances par l’article 49.3.
300 millions d’euros de pertes en 2023
Trois mois après ce retoquage, un jour après le discours du Premier ministre, Philippe Camburet, président de la Fnab, accuse le coup. « Je me réjouis que d’autres secteurs agricoles aient été entendus, mais je regrette l’absence d’un plan de relance de l’agriculture biologique, confie-t-il à Référence agro. Je me demande ce que je dois en tirer comme conclusion… ». Le constat est d’autant plus amer que, dans le même temps, les pertes subies par la filière bio ne cessent de croître : 550 millions d’euros sur les deux dernières années, 300 millions rien qu’en 2023. Si bien qu’à l’heure actuelle, une aide de 300 millions d’euros ne serviraient qu’à « rattraper le retard » pris par la bio.
Les départs « à peine compensés » par les arrivées
Car le temps presse : la PAC 2023-2027 affichait l’ambition d’atteindre les 18 % de surface agricole utile (SAU) en bio à l’horizon 2027. Selon les derniers chiffres de l’Agence Bio, la SAU bio ne couvrait que 11 % fin 2022. Si les données pour l’année écoulée ne devraient être connues qu’à la fin du mois de février, Philippe Camburet en vient déjà à espérer « que 2023 ne soit pas l’année du retard pris par l’agriculture biologique ». Sans trop y croire, au vu du faible renouvellement des cultivateurs spécialisés. « Jusqu’à présent, les départs en retraite, les arrêts d’exploitation et les faillites sont à peine compensés par des conversions ou l’arrivée de nouveaux exploitants, remarque-t-il. Ce qu’on constate de plus en plus, c’est l’absence de sollicitation pour des conversions : on en déduit qu’on aura du mal à tenir la distance ». Pour l’heure, rien n’indique que le vent tournera prochainement.