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Les véritables bénéficiaires du plan d’urgence bio

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Les viticulteurs et les céréaliers ont été les principaux bénéficiaires du plan d’urgence pour l’agriculture biologique, doté de 94 M€ au total par le gouvernement. Les manifestations actuelles laissent planer le doute sur la manière dont le plan sera adapté pour 2024.

Les véritables bénéficiaires du plan d’urgence bio
Les véritables bénéficiaires du plan d’urgence bio

L’agriculture biologique fait partie, comme l’a noté la FNSEA dans ses récentes demandes au gouvernement, des secteurs agricoles les plus en difficultés. Lait, œufs, et même plus récemment les céréales : après les premiers signaux d’alerte dans le porc en 2020, de nombreuses autres filières bio peinent désormais à écouler leur production. Le gouvernement a donc débloqué, en avril 2023, un plan d’urgence bio de 60 M€, auxquels sont venus s’ajouter 34 M€ supplémentaires en novembre dernier.

Selon un document présenté le 19 janvier dernier aux acteurs du secteur, la plus grande partie de cette enveloppe, environ 23 M€, a été distribuée aux viticulteurs. Les céréaliers et les producteurs de légumes occupent respectivement la deuxième et la troisième marche du podium, avec 16 et 14 M€. Viticulteurs et céréaliers ont également été les mieux dotés en moyenne à l’échelle individuelle, avec respectivement 33 000 et 22 000 € par exploitation, quand les bovins lait ou viandes ont émargé en moyenne sous 20 000 €.

En matière de répartition territoriale, ce sont les régions avec les surfaces biologiques les plus importantes qui emportent la mise : 18,50 M€ pour la Nouvelle Aquitaine et 17,70 M€ pour l’Occitanie, soit 20 % et 19 % de l’enveloppe respectivement.

Des critères d’accès à retravailler

Comme le rappelle le ministère de l’agriculture lui-même, le plan d’urgence bio était soumises à des critères d’accès précis. Les exploitations devaient justifier, pour y accéder, d’une perte d’excédent brut d’exploitation (EBE) de 20 % ou plus en 2022-2023, par rapport à la moyenne des exercices comptables clôturés de 2018 et 2019. Un critère auquel s’ajoutait une dégradation de la trésorerie de 20 % ou plus, par rapport à la moyenne des exercices comptables clôturés de 2018 et 2019. Pour ceux qui remplissaient ces critères, l’aide pouvait compenser jusqu’à 50 % de la perte d’EBE, pour un montant minimum de 1 000 €.

Mais pour les acteurs de la bio, ces critères ont laissé de côté trop d’exploitations. « Des personnes récemment installées, qui ont des difficultés mais sont structurellement en croissance de chiffres d’affaires, n’ont pas pu intégrer le dispositif », regrette-t-on au sein d’une coopérative bio. De même, alors que des exploitations auraient émargé à plusieurs centaines de milliers d’euros, plusieurs voix plaideraient actuellement pour un plafonnement des aides par société ou par actif.

La rallonge des aides reste insuffisante

Les acteurs de la bio restent mobilisés face à une enveloppe jugée insuffisante. Car, entre les baisses de production et les déclassements vers le conventionnel, les pertes pour la seule année 2023 s’élèveraient à près de 300 M€, selon le bilan établi collectivement fin décembre par La coopération agricole, les chambres d’agriculture, la Fnab, et les interprofessions.

Des rencontres avec le ministère étaient prévues fin janvier afin de revoir les conditions d’accès et de prolonger la première salve d’aide. Dans sa réponse aux revendications des agriculteurs, Gabriel Attal a déjà annoncé une rallonge de 50 M€ au plan d’urgence, bien loin de l’enveloppe demandée par les acteurs. « Que ce soit sur le respect des objectifs de la loi Egalim ou sur le soutien direct aux filières, nous n’obtenons pas ce qui serait nécessaire », regrette le président de la Fnab Philippe Camburet dans un communiqué, rappelant que « le temps passe et les fermes bio se fragilisent chaque jour un peu plus ».