La biodiversité animale encore peu présente dans les élevages
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Les croisements d’animaux de races différentes sont peu répandus en France. L’Inrae estime pourtant que la pratique pourrait permettre une meilleure résilience des élevages. Explications avec Marie-Angélina Magne, maître de conférence en zootechnie et chercheur à l’Inrae de Toulouse.
La biodiversité animale est présentée comme un levier prometteur pour la transition agroécologique et la résilience des élevages. « Pourtant, que ce soit pour les éleveurs, les conseillers, les enseignants et les chercheurs, il est difficile de l’envisager comme un atout dans la gestion des troupeaux », explique Marie-Angélina Magne, maître de conférence en zootechnie et chercheur à l’Inrae de Toulouse. Elle s’exprimait à l’occasion d’un webinaire organisé le 19 janvier par le GIS Avenir d’élevage.
Jouer la complémentarité entre espèce
Sur une exploitation, la diversité animale peut être recherchée entre les espèces. « Il s’agit par exemple d’avoir des bovins et des ovins qui vont utiliser différemment, et de manière complémentaire, les ressources végétales, poursuit Marie-Angélina Magne. L’idée est d’associer des animaux qui favorisent la fonction de production en cas d’aléas et d’autres celle de la reproduction. C’est un équilibre que chaque exploitant doit trouver. »
Chercher l’hétérosis
Autre forme de biodiversité, celle génétique. À l’instar des croisements en production végétale, l’éleveur va accoupler des individus de races complémentaires afin d’augmenter la diversité génétique de son troupeau et tenter de trouver un hétérosis. La pratique est pour l’heure peu développée. Les chercheurs ont interrogé une trentaine d’agriculteurs réalisant des croisements pour connaître leurs techniques. « Certains réfléchissent au type d’animaux dont ils ont besoin et réalisent des croisements en conséquence, explique Marie-Angélina Magne. D’autres préfèrent rester sur des combinaisons éprouvées. Par ailleurs, des exploitants choisissent de passer au plus vite l’ensemble de leur troupeau, quand d’autres introduisent ces individus petit à petit. »
Un changement du réseau d’acteurs
Quoiqu’il en soit, cette pratique implique des changements dans le réseau d’acteurs qui entourent l’exploitant. « Ils se détachent plus ou moins des traditionnels organismes de sélection et des instituts techniques », ajoute la chercheuse de l’Inrae. Les freins sont nombreux. « Il n’est pas possible de génotyper les animaux croisés, ce qui pose des problèmes pour les index, explique Marie-Angélina Magne. Les équipements, comme les robots de
traite, ne sont pas adaptés à une diversité génétique au sein des troupeaux, et il n’est pas non plus possible de vendre ces animaux pour les renouvellements. » La diversité animale sur une exploitation pose aussi la question de l’organisation du travail et de la chaine de valorisation. « Il n’existe pas de données en la matière, reconnaît-elle. Nous allons démarrer des travaux sur ce sujet. »