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La filière volaille présente son plan « Ambition 2025 »

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Mis en place à la fin de l’année 2017, suite aux États généraux de l’alimentation, le plan de filière volaille affichait deux objectifs principaux : reconquérir des parts de marché intérieur et accentuer la dynamique sur les productions sous signes de qualité. Deux ans plus tard, le constat est sans appel : « Nous sommes encore à la peine », reconnaît Anne Richard, directrice de l’interprofession des volailles de chair, Anvol, lors d’un point organisé par la filière le 11 février. Actuellement, la moitié des poulets consommés dans le pays sont importés. Un chiffre qui monte à 87 % en restauration hors domicile (RHD).

Des importations qui ne baissent pas

Le marché est pourtant dynamique dans l’Hexagone : la volaille est la deuxième viande la plus consommée derrière le porc, en progression de 15 % sur les cinq dernières années. « Nous sommes frustrés car cette consommation croissante ne profite qu’à l’importation », regrette Éric Cachan, secrétaire général de l’Anvol. Ce dernier fustige « le manque de cohérence » des consommateurs, qui demandent de la qualité mais continuent d’être freinés par le prix. Quant aux productions sous label, si le bio est passé de 1 à 2 % du marché, les productions sous Label Rouge, aujourd’hui à 15 %, stagnent. Pour redynamiser les ventes, les acteurs de la filière demandent à ce que le gouvernement fasse machine arrière sur la mesure de la loi Égalim, abaissant de 40 à 25 % le contingentement des volumes LR pouvant être vendus sous promotion.

630 millions investis en deux ans

Depuis deux ans, des investissements ont pourtant été réalisés, à hauteur de 630 millions d’euros, dans le cadre du plan de filière. 400 millions d’euros ont ainsi été mobilisés, pour 300 millions initialement prévus sur cinq ans, pour moderniser les abattoirs. Mais au niveau des poulaillers, du retard a été pris : seuls 200 millions d’euros ont été investis, sur une enveloppe de 2,3 milliards. « Nous devons accentuer les investissements dans l’amont de la filière pour moderniser l’élevage et rester compétitifs », assure Anne Richard.

Le bien-être animal avant tout

Face à cette situation, la filière explique ne pas baisser les bras. « Nous présentons, en amont du Salon de l’agriculture, un plan volontaire pour préserver le mode d’élevage à la française », explique Anne Richard. Celui-ci compte six objectifs pour l’horizon 2025 :

  • Répondre à toutes les attentes en continuant de produire des volailles standards ou sous démarche de qualité ;
  • Permettre un accès à la lumière à 50 % des volailles (30 % via des poulaillers avec fenêtres, 20 % par des parcours extérieurs) ;
  • 100 % des exploitations auditées grâce à deux applications, dont une centrée sur le bien-être animal ;
  • Participation des entreprises de nutrition animale à la plateforme Duralim pour atteindre un objectif de zéro déforestation ;
  • Poursuivre la diminution de l’utilisation des antibiotiques, avec objectif de -5 % pour atteindre les -60 %, par rapport à 2011, en 2025 ;
  • Maintenir les exploitations à taille humaine.

En ce qui concerne l’accès à la lumière, la filière se dit prête à s’engager dans l’European Chicken Commitment (ECC), dont le cahier des charges est porté par 30 ONG. Dans ce cadre, l’Anvol a évalué les surcoûts que cela engendrerait : +27 % au stade élevage, +40 % en sortie d’abattoir si tous les morceaux sont valorisés, +59 % si seul le filet est valorisé en ECC. « Nous sommes prêts à nous engager, la filière peut répondre à toutes les demandes, mais le poulet doit être payé à son juste prix », indique Anne Richard. Une position qui va de pair avec l’avis de la filière sur les accords commerciaux. « Nous ne pouvons plus accepter que des poulets entrent à vil prix en France, alors qu’ils n’ont pas les mêmes standards de production que nous », lance la directrice d’Anvol.

Le levier de la RHD

Pour relever l’ensemble de ces défis, la filière volaille regarde aussi du côté de la RHD, où la consommation augmente davantage qu’à domicile. Un quart des filets de poulet, consommés en grande quantité en RHD, sont issus de l’importation. Dans ce cadre, la filière se félicite de la prochaine parution d’un décret sur l’obligation d’identifier l’origine des viandes en RHD. Le texte ne concernant que le cru, l’Anvol souhaiterait qu’il soit étendu aux produits cuits et à l’ensemble de l’UE. Au niveau européen, les attentes sont aussi fortes concernant la prochaine Pac : « Nous souhaitons que la filière volaille soit soutenue pour accroître sa compétitivité et répondre aux attentes sociétales, afin de remettre du poulet français dans les assiettes françaises ! », appelle Jean-Michel Schaeffer, président d’Anvol.