Le blé français veut conforter ses débouchés pays tiers
Le
« La France exporte une tonne sur deux de blé tendre produite sur le territoire. Il est donc important de prendre en compte les critères qualitatifs requis par nos clients des pays étrangers ». En introduisant la 6ème matinée d'informations et d'échanges organisée le 11 mars à Paris par son association, Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales, n'a pas caché les efforts à faire sur la qualité pour fidéliser les acheteurs des pays tiers et capter de nouveaux marchés. L'hétérogénéité de la récolte française lui fera perdre en 2014/15 « trois millions de tonnes de débouchés », a fait remarquer Pierre Duclos, du Syndicat national du commerce d'exportation des céréales (Synacomex).
Car « la qualité du tas français est systématiquement dans la limite basse des cahiers des charges des acheteurs internationaux », a souligné Yann Lebeau, chef de mission Maghreb-Afrique de France Export Céréales. Les clients d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient affichent par exemple des exigences de plus en plus strictes en matière de protéines. L'effritement de son taux constaté ces dernières années en France est une menace contre laquelle la filière céréalière française a décidé d'agir en mettant en place en décembre 2013 un plan protéines. Mais ce plan ne devrait pas porter ses fruits avant 2020. D'autres critères constituent de véritables barrières à l'entrée du blé français. Au Moyen-Orient par exemple, le gluten humide fait la référence. Le taux des blés français, de l'ordre de 22 à 23 %, est loin des 26 à 27 % souhaités par les clients. Une faiblesse qui met la France hors de portée d'un marché de 16 Mt, selon Yann Lebeau.
Les acheteurs publics, nos principaux clients dans les pays tiers
La France obtient ses meilleurs résultats à l'export dans les pays où l'intervention publique est forte. C'est le cas notamment en Algérie, en Tunisie et en Egypte. Les achats des offices publics (7,4 Mt) ont représenté 61 % des ventes de blé français dans les pays tiers durant la campagne 2013/14. Le blé hexagonal a également une belle carte à jouer en Afrique de l'Est et en Arabie Saoudite, des marchés prometteurs en raison de leur forte consommation de pain renforcée par leur dynamisme démographique. Mais pour Roland Guiragossian, responsable du bureau du Caire de France Export Céréales, cela va demander du temps car « il faut d'abord promouvoir l'origine française en rencontrant régulièrement les opérateurs locaux ». La Chine, le premier producteur de blé dans le monde, est aussi un marché à fort potentiel. L'Empire du milieu a besoin d'importer des blés hautement protéinés pour améliorer la qualité de ses récoltes. Pour Li Zhao Yu, responsable du bureau de Pékin de France Export Céréales, la France, qui est la seule origine européenne avec le Danemark à avoir reçu l'agrément phytosanitaire pour être expédiée en Chine, peut compter sur la notoriété de « sa baguette et de ses pâtisseries » pour mieux exporter son blé tendre. Mais il n'y aura percée que si ce blé « arrive suffisamment protéiné », a prévenu Li Zhao Yu.
Photo : Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales : « La France exporte chaque année une tonne sur deux de blé tendre ».