Le plan Ecophyto présenté au Conseil des ministres
Le
Le plan Ecophyto 2018 pour la réduction de l’usage des produits phytosanitaires a été présenté au conseil interministériel du 10 septembre par Michel Barnier.
Il pose d’emblée un double objectif : atteindre la réduction de l’usage des pesticides tout en maintenant un potentiel élevé de production. Le plan prévoit notamment de diffuser le plus largement possible auprès des agriculteurs les pratiques agricoles économes ; d’accélérer la recherche agronomique sur ces cultures et d’en communiquer les résultats au plus grand nombre ; de s’assurer de la compétence de l’ensemble des acteurs (distributeurs, conseillers et utilisateurs de produits phytosanitaires) et d’améliorer l’information des agriculteurs en temps réel sur la présence des maladies et ravageurs des cultures pour mieux cibler les traitements, via un dispositif d’épidémiosurveillance informatisé (voir nos précédentes lettres pour le contenu de ces derniers points). Les réactions indiquent finalement un bel exercice de la part du ministère de l’Agriculture : Orama souligne le réalisme d’Ecophyto, l’UIPP rappelle que la réduction de 50 % est conditionnée à la mise en place de solutions alternatives et FNE qualfie le plan de globalement satisfaisant.
D.M.
Concrètement, la création d’un réseau de 3000 fermes pilotes est prévue (mais le projet d’un département pilote dans le Tarn est pour l’heure au point mort). Un indicateur de suivi sera mis en place dès cette année pour vérifier la diminution effective de l’utilisation des pesticides non seulement dans le secteur agricole mais aussi en zone non agricole. Ce dispositif est fondé en particulier sur un indicateur (NODU) proportionnel au nombre de doses de substances actives phytosanitaires vendues. Le plan confirme le retrait du marché des préparations contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes dont 30 avant fin 2008 (en grande partie déjà retirées). Le coût de ce plan est estimé à 206 millions d’euros sur la période 2009-2011.
PLAN ECOPHYTO 2018 DE REDUCTION DES USAGES DE PESTICIDES 2008-2018
AXE 1 : Évaluer les progrès en matière de diminution de l’usage des pesticides
AXE 2 : Recenser et généraliser les systèmes agricoles et les moyens
connus permettant de réduire l’utilisation des pesticides en mobilisant
l’ensemble des partenaires de la recherche, du développement et du transfert
AXE 3 : Innover dans la conception et la mise au point des itinéraires
techniques et des systèmes de cultures économes en pesticides
AXE 4 : Former à la réduction et à la sécurisation de l’utilisation des pesticides
AXE 5 : Renforcer les réseaux de surveillance sur les bio-agresseurs
et sur les effets non intentionnels de l’utilisation des pesticides
AXE 6 : Prendre en compte les spécificités des DOM
AXE 7 : Réduire et sécuriser l’usage des produits phytopharmaceutiques
en zone non agricole
AXE 8 : Organiser le suivi national du plan et sa déclinaison territoriale,
et communiquer sur la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques
Ce plan est disponible sur le site www.agriculture.gouv.fr.
Réactions
Orama, tout en restant vigilante sur son application concrète, prend acte du réalisme dont est empreint ce plan Ecophyto. L’union de producteurs souhaite toutefois que « les pouvoirs publics se comportent avec résolution quant aux moyens de production dont doivent disposer les exploitants ». Orama demande ainsi que des homologations définitives puissent intervenir en matière de traitement de semences (Cruiser, Poncho, Fipronil,Gaucho), que la clause de sauvegarde française sur le maïs MON 810 soit levée et que le Gouvernement fasse preuve d’une détermination sans faille pour qu’à Bruxelles, la révision de la directive CE/91/414 n’aboutisse pas à mettre les agriculteurs dans des impasses techniques en faisant disparaître un grand nombre de produits ».
L’UIPP (Union des industries de produits phytosanitaires), amène quelques nuances en rappelant que « l’objectif de réduction de 50 % est conditionné à la mise au point et à la diffusion des méthodes alternatives ». L’UIPP souhaite également que la mise en place d’indicateurs de risques et d’impact des applications se fasse au plus tôt, afin de mesurer rapidement les résultats des progrès accomplis. L’UIPP se félicite toutefois « du renforcement des actions visant à une meilleure sécurisation des pratiques par la formation et la qualification des professionnels impliqués dans la préconisation et l’utilisation des produits ».
Quant à Jean-Claude Bévillard, Secrétaire national de FNE, chargé des questions agricoles, il estime qu’ « une volonté politique apparaît pour réduire l’utilisation des pesticides, et ce plan est globalement satisfaisant. Il est essentiel désormais d’assurer le suivi de cet objectif de réduction »