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Le plan protéines, une chance pour la luzerne

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Alors que des discussions techniques sont en cours au ministère de l'Agriculture pour mettre la dernière main au plan protéines avant une présentation officielle le 17 décembre, la filière luzerne par la voix de Jean-Pol Verzeaux, président de Coop de France Déshydratation, met en avant une culture aux bénéfices agroenvironnementaux reconnus et considérée par les agronomes comme la source de protéines la plus efficiente à l'hectare. « La réussite du plan protéines passe par la luzerne déshydratée », a-t-il indiqué le 26 novembre devant la presse. Mais la réciproque est vraie. Sans le soutien que pourrait avoir la luzerne déshydratée via le plan protéines, son avenir est menacé. Ses surfaces sont passées de 130 000 hectares (ha) en 1993 à 65 000 ha en 2013, signe de la désaffection croissante des agriculteurs. La culture de la luzerne a été reconnue comme surface d'intérêt écologique dans le cadre du verdissement de la nouvelle politique agricole commune, c'est déjà un soulagement pour la filière. Mais la profession veut transformer l'essai dans le cadre du plan protéines doté d'un budget de 151 millions d'euros par an à compter de 2015, soit 2 % du montant des aides du 1er pilier de la PAC. Alors qu'elle bénéficie depuis 2012 d'une une aide de 125 €/ha pour un budget national de 8 millions d'euros, la profession espère que ces chiffres seront portés respectivement « entre 150 et 200 €/ha » et « 14 et 16 millions ». « Nous pourrons alors viser un objectif de 90 000 ha, un seuil critique qui nous permettra de répondre à la demande française et de faire fonctionner à plein régime les outils industriels existants », a précisé Jean-Pol Verzeaux. 

 

La production française de luzerne déshydratée devrait atteindre 750 000 tonnes en 2013/14 à rapprocher des 770 000 tonnes de la campagne précédente (-2,6 %) et de la barre des 800 000 tonnes, référence de production des campagnes depuis 2008/09 (-6,2 %). L'année 2013 a été particulièrement affectée par les conditions humides à la récolte qui ont décalé de deux à trois semaines le démarrage des usines. Si le rendement moyen (13,08 t granulés par ha) est supérieur à celui de 2012/13 (12,67 t granulés par ha) et reste proche de la moyenne 2008/12 (13,24 t granulés par ha), les taux moyens de protéines produits baissent de plus d'un point par rapport aux campagnes précédentes. « Des faiblesses que la déshydratation et  l'organisation de la filière ont permis d'atténuer », a expliqué Serge Faller, directeur général de Désialis. La demande en balles de luzerne reste « partiellement » satisfaite sur l'ensemble des marchés français et communautaires. En pellets, a reconnu Serge Faller, le faible taux moyen de protéines n'a pas permis d'honorer les engagements contractuels qualité des coopératives pour les volumes habituels.  

 

Légende photo :  Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) aux côtés Jean-Pol Verzeaux, président de Coop de France Déshydratation. Dans un avis (mai 2011), le Cese préconise un plan protéines de grande ampleur intégrant la luzerne et les autres légumineuses : trèfle, sainfoin, lotier.