Le prix du blé devrait se maintenir
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Le prix du blé atteint actuellement des sommets. Aussi hauts mais, semble-t-il, plus durables que ceux de 2018. Face à une demande mondiale grandissante en grains, les marchés du maïs et du soja devraient rester sous tension. Explications avec Sébastien Poncelet, consultant chez Agritel.
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Pour Sébastien Poncelet, consultant chez Agritel, « la forte demande internationale en blé devrait soutenir les prix encore pour plusieurs semaines ».[/caption]
Dernier record en date pour le prix de la tonne de blé sur le marché à terme : 219 € le 6 août 2018. Le 7 janvier 2021, la cotation atteignait 215 €/t. « La différence, c’est qu’en 2018, ce pic n’avait duré que quelques jours, se souvient Sébastien Poncelet, consultant chez Agritel. Là, la barre des 200 € est dépassée depuis septembre 2020 et cela devrait durer ! La conjoncture à l’échelle mondiale restant favorable au maintien de ces prix ».
L’appétit de la Chine grandit
Les faibles récoltes française et européenne en 2020 participent au phénomène. Mais, selon Sébastien Poncelet, « c’est loin d’être le principal facteur de cette hausse des prix. Si ce manque de volume crée effectivement quelques tensions sur le marché intérieur, à l’international, les récoltes russe, canadienne et australienne, toutes en hausse, comblent largement le manque de marchandises en Europe. »
Alors comment expliquer cette flambée des prix ? « Tout simplement car la demande mondiale en grains reste forte, explique-t-il. En blé bien sûr mais aussi en orge, en maïs et en soja. Acteur principal de cet appétit grandissant : l’Asie et notamment la Chine. Même si le blé français reste plus cher que celui de nos voisins, la qualité de notre production séduit les acheteurs chinois. Le Pakistan revient également massivement aux achats. La demande asiatique compense largement le recul des achats de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient : la tendance sur le prix du blé devrait donc rester haussière. »
Le maïs, star de la campagne
Même si le prix du blé anime ce début d’année, pour Sébastien Poncelet, la star de la campagne reste sans conteste le maïs. « L’Ukraine, l’Argentine et les États-Unis affichent des récoltes en baisse tandis que la Chine, encore elle, achète massivement cette céréale pour nourrir son cheptel porcin : entre 20 et 24 Mt pour cette campagne selon différentes estimations, contre 5 Mt l’an passé ! La crise de la Covid 19 incite également différents importateurs à remettre à niveau leurs stocks et donc, à augmenter leurs achats. »
Tensions pour le soja
Encore plus tendu que le marché du maïs, celui du soja où l’offre ne devrait pas être suffisante pour répondre à la demande mondiale. « Les semaines à venir vont probablement continuer d’afficher une forte volatilité et une tendance soutenue sur les cours. Et ce, jusqu’à ce que l’on soit en mesure d’évaluer plus précisément la production de soja au Brésil, estimée autour des 130 Mt pour le moment. Tout dépendra également des hectares qui seront réellement attribués au soja et au maïs, notamment aux États-Unis », précise Sébastien Poncelet.
Pas d’impact du Brexit
Pour le consultant, les marchés du soja et du maïs devraient donc rester tendus dans les mois à venir. Pour le blé, la hausse des surfaces en mer Noire, en Europe, en Russie et aux États-Unis, pourrait détendre les marchés… à condition que les volumes escomptés soient bien au rendez-vous. Une fois de plus, les yeux des opérateurs vont scruter de près les prévisions météo chez les principaux pays producteurs de blé mondiaux. Le prix de l’énergie, la valeur des différentes monnaies, l’évolution du contexte sanitaire pourraient eux aussi avoir un impact sur les cotations. Quant au Brexit, « il n’affiche pour le moment de conséquences importantes que dans la sphère financière : les secteurs agricoles et agroalimentaires bénéficiant d’un accord de libre-échange entre le Royaume Uni et l’Europe », rappelle Sébastien Poncelet.