Le revenu agricole décroche en 2008
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Les revenus des agriculteurs français ont chuté en moyenne de 20 % en 2008, en raison de l’envolée des charges. Les plus touchés par cette baisse sont les céréaliers et les viticulteurs. La situation est meilleure pour les éleveurs laitiers dont le revenu progresse de 21 %. J.P.
Les dernières estimations des comptes de l’Agriculture de 2008 publiées le 1e juillet par Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, confirment la dégradation du portefeuille des agriculteurs. Le revenu net par actif familial baisserait en effet de 20,4 % par rapport à 2007 contre un recul de 15,4 % prévu en décembre dernier. Un résultat qui contraste avec celui de la valeur de la production agricole, hors subventions, en augmentation de 3,8 % par rapport à 2007, à 66,9 milliards d’euros, tirée principalement par la hausse de la production animale (+9,4 %).
Le revenu des exploitations de grandes cultures, céréales, oléagineux (colza, tournesol…) et protéagineux (pois, féveroles…) chute de 30 %. Outre le renchérissement des intrants, le secteur a fait face à une baisse des prix mondiaux. Après une année 2007 déjà en net recul, le revenu des exploitations d’arboriculture s’effondre quant à lui de 37 %. Celui des maraîchers et des horticulteurs baisse de 15 %. Le revenu des viticulteurs est également en chute, de 21 % pour les vins d’appellation et de 34 % pour les vins de table. Le revenu des producteurs de viande bovine décroche de 24 %.
Les mêmes revenus qu’en 1994
En revanche, la situation est meilleure pour les éleveurs laitiers dont le revenu grimpe de 21 %, dans la foulée de l’augmentation des prix au premier semestre 2008. Sur l’ensemble de l’année, les prix du lait ont augmenté de 16 %. Le revenu des exploitations ovines progresse de 4 % et ceux des producteurs de volailles et de porcs de 2 %.
Malgré la baisse marquée de 2008, l’évolution du revenu agricole moyen par actif reste positive sur longue période : + 1,8 % par an, en termes réels, entre 1990 et 2008, pour l’ensemble des exploitations, tient à rappeler Agreste.
Le Président des Chambres d’agriculture, Luc Guyau, a qualifié de « particulièrement préoccupante » la baisse du revenu agricole en 2008 dans une période de conjoncture économique houleuse, soulignant que « l’extrême volatilité des prix démontre toute la nécessité de préserver et de rénover les mécanismes de régulation et de filets de sécurité (…). C’est tout l’enjeu de la PAC de l’après-2013. ». Pour sa part la Coordination rurale tient à souligner que « le revenu moyen des agriculteurs calculé pour 2008 est revenu à son niveau de 1994 alors que près de 300 000 agriculteurs ont disparu sur cette même période ».