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L’élevage, une composante incontournable du système bio… sous conditions

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Si la présence de l’élevage s’avère un réel atout dans un système d’agriculture biologique, quelques ajustements sont à repenser, à commencer par la réintroduction, dans certains territoires, de la circularité entre élevage et alimentation humaine. Le point lors d’un webinaire organisé le 6 février par l’Acta et Agreenium.

Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.
Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.

Le 6 février, Agreenium et l’Acta organisaient un webinaire autour de cette question : « L’agriculture biologique se fera-t-elle demain sans élevage ? ». « Si quelques exemples montrent que cela est possible pour, via des légumineuses ou des engrais verts préserver la fertilité des sols, dans les faits, cela reste compliqué, explique d’entrée Guillaume Martin, chercheur à l’Inrae. Des essais prouvent qu’1,4 UGB/ha/an est, au minimum, nécessaire pour garantir cette fertilité. En dessous, on mine le stock. Outre l’azote, le phosphore peut vite devenir un élément limitant dans un système bio sans élevage. »

Rééquilibrer l’assiette des consommateurs

Ce webinaire a relevé les bémols souvent évoqués lorsque l’on parle d’élevage : empreinte carbone dégradée, flux d’azote mondiaux en hausse, compétition entre surfaces dédiées à l’alimentation des animaux et des humains… Ce à quoi Guillaume Martin a répondu : « L’avenir passera sûrement par un rééquilibrage de l’assiette des consommateurs - moins de viande et d’œufs, davantage de fruits, légumes et protéines -, redéploiement de l’élevage dans certaines régions, développement de systèmes d’élevage qui valorisent les co-produits par exemple (son de blé, pulpe de betteraves), valorisation des surfaces abandonnées, des surfaces pastorales, des prairies temporaires, des couverts végétaux… »

40 à 60 % des ha bio dans le monde : oui, si…

Le chercheur a même donné un chiffre. « Il serait possible d’atteindre 40 à 60 % de la surface agricole mondiale en agriculture biologique, pour nourrir 7 milliards d’humains, sous certaines conditions. » Et de lister : la diminution du nombre d’animaux, la réduction des monogastriques au profit des ruminants, la redistribution de l’élevage dans les territoires, la réduction des pertes et des gaspillages alimentaires, la réduction de la part des protéines animales dans notre alimentation. Sans compter que la présence d’animaux, c’est aussi entretenir le paysage, les haies, les bocages, aider à lutter contre les incendies… De ces échanges est aussi ressorti la nécessité, pour une exploitation, de déployer différents ateliers pour, là encore, varier et combiner les sources d’aliments pour ces animaux.