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Les algues vertes, une affaire d’Etat

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En s’intéressant au dossier des algues vertes, le gouvernement serait-il en train de s’approprier celui des nitrates, jusqu’ici plutôt relégué assez bas dans la pile de ses préoccupations agri-environnementales ? C’est ce que semble indiquer l’actualité.

François Fillon, s’est rendu le 20 août à Saint-Michel en Grèves (22), où il a annoncé la prise en charge par l’Etat du nettoyage des plages les plus touchées. Autres engagements : la création d’une commission interministérielle pour bâtir, d’ici à trois mois, un plan d’action de lutte contre la prolifération des algues vertes et l’expérimentation de nouvelles politiques de lutte en baies de Lannion et Saint-Brieuc.

Un déplacement qui intervient quelques jours après la publication des résultats d’une étude sur la toxicité des algues vertes : elles produisent bien de l’hydrogène sulfuré en se décomposant, à des concentrations qui peuvent être mortelles en quelques minutes pour les humains et les animaux.

« Renforcer les mesures agri-environnementales, encourager les systèmes herbagers ou l’agriculture bio seront des pistes étudiées par le groupe de pilotage de l’expérimentation en baies de Lannion et Saint-Brieuc », précise Gérard Mevel, vice président du Conseil régional de Bretagne, en charge de l’eau. Un comité de pilotage qui réunira Etat, collectivités, acteurs locaux et profession agricole entre autres.


Les agriculteurs, de leur côté, mettent en avant l’ampleur des actions déjà entreprises et demandent des mesures supplémentaires devront s’accompagner de moyens pour les mettre en place. Mahaut Launay

Photo : François Fillon, le 20 août sur la plage de Saint-Michel en Grève, d’où est partie la polémique sur la toxicité des algues vertes

La diminution des pollutions de l’eau par l’agriculture, qui n’est pas une question nouvelle pour la profession, reste au cœur des préoccupations du Grenelle de l’environnement, a rappelé François Fillon. Ce thème a aussi été évoqué par le Grenelle de la mer : une des conclusions de la table ronde « rencontre entre terre et mer » propose de viser un objectif de réduction des nitrates et phosphates de toutes origine de 40 % à l’horizon 2012-2014 dans les bassins situés en zone vulnérable dont le littoral est eutrophisé.

Des algues vertes très médiatiques en 2009

La mort d’un cheval et le malaise de son cavalier, le 28 juillet, à Saint-Michel en Grève, ont relancé la polémique sur la toxicité des amas d’algues sur les plages. Le ministère de l’Ecologie a donc confié à l’Ineris le 14 août l’étude des composés émis lors de la putréfaction des algues, sont les résultats ont été publiés cette semaine.

Le monde agricole est mis en cause dans le phénomène de prolifération des algues vertes, lié en partie aux apports de nitrates par les cours d’eau. Apports qui sont de 80 à 95 % d’origine agricole. « En Bretagne, les apports d’azote organique prévalent sur les apport minéraux, qui ont d’ailleurs diminué de 40 % ces 15 dernières années » rappelle l’Unifa. Réduction des apports azotés, respect de l’équilibre de la fertilisation et du calendrier d’épandage, résorption des effluents, l’installation de haies, bandes enherbées et couverts végétaux : « la profession a fait d’énormes efforts, mais leurs effets ne sont pas encore mesurables » explique Patrick Dion du Centre d’études et de valorisation des algues, le Ceva.