… les réactions du terrain
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Les avis divergent au sein de la distribution agricole quant à l’impact de la publication de cet arrêté sur l’assolement en tournesol. Alors que pour certains, cela ne devrait pas avoir de réelle incidence sur les semis des agriculteurs -déjà programmés - pour d’autres, c’est l’intérêt même d’une telle décision qui fait débat. Annonce trop tardive, risque d’un point de vue sanitaire… Témoignages dans quatre régions. S.Ay.
Guillaume Duboin, directeur général adjoint d’Arterris (11)
« Oui, l’arrêté va changer la donne »
« Comme les agriculteurs savaient que cet arrêté était en discussion, ils ont conservé en moyenne un quart des surfaces en prévision. Les semis se faisant dans notre région jusqu’au 15 mai, les exploitants ont le temps de semer du tournesol. Honnêtement, nous avions plutôt anticipé une décision négative : les agriculteurs se seraient alors tournés vers la culture de sorgho ou de soja par exemple, sur lesquelles nous nous tenions prêts.
Certes, le marché du tournesol est tendu cette année. Du fait des surfaces non semées en automne en céréales pour cause de mauvais temps, nous nous attendons à une hausse des surfaces de l’ordre de 20 %. Nous réalisons en année normale aux alentours de 50 000 hectares, ce qui représente 10 000 hectares de plus pour cette campagne ! Je ne garantis pas que nous arriverons à obtenir la totalité des semences de tournesol souhaitées, mais nous allons nous débrouiller. C’est tout l’art de notre métier ! »
Philippe de Roincé, directeur de Semences et Conseil (31)
« Ce type de pratique est dangereuse pour la pérennité du tournesol dans notre région »
« Je suis à 100 % opposé au semis de tournesol sur tournesol et je refuse catégoriquement de vendre des semences de tournesol dans ces conditions aux agriculteurs ! Alors que nous avons interdit cette rotation pour des questions sanitaires, il n’est pas fondé aujourd’hui de revenir dessus. Cela compromet dangereusement la pérennité de la culture de tournesol dans notre région. Pour ma part, j’ai triplé dès novembre mes achats en semences de sorgho, qui permet d’introduire une troisième culture dans la rotation ».
Guillaume Moltani, directeur approvisionnement de Charente Coop (17)
« Les marges du maïs sont meilleures »
« La publication de l’arrêté arrive trop tard et ne va pas changer la donne. De plus, les rotations d’oléagineux sur oléagineux sont déjà à peine raisonnables en Poitou-Charentes : nous alertons donc les agriculteurs intéressés par une telle succession sur les risques sanitaires qu’elle représente. Les marges brutes par hectare avec du maïs sont, en outre, meilleures ».
Pascal Ramondenc, directeur réseau chez Agridis et responsable semences
« Cette décision aura peu d’incidence »
« Je pense que la parution de cet arrêté aura peu d’incidence sur les emblavements en tournesol car les agriculteurs ont calé leurs choix dès février. Seuls quelques hectares de tournesol pourraient être concernés. Du fait de la hausse des surfaces attendues en tournesol, les disponibilités en variétés ont été vite limitées chez les semenciers, les agriculteurs s’étant précipités sur les commandes pour pouvoir disposer des variétés phares. Certaines ont ainsi connu des ruptures de stock. Nous estimons la progression des surfaces en tournesol entre 10 et 15 %, ce que confirment globalement les firmes semencières. La cause de cet enthousiasme ? Les cours favorables et le fait que le tournesol consomme moins d’eau que le maïs. »