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Malgré des résultats en baisse, Avril veut doper ses investissements d’ici à 2030

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Avril a présenté ses chiffres pour l’année 2023 lors d’une conférence de presse organisée le 10 avril 2024 à Paris. Si 2022 avait été une année particulièrement faste pour le groupe, ce dernier ralentit la cadence lors de l’exercice suivant, tout en poursuivant sa croissance au global. Et souhaite amplifier la dynamique en investissant massivement à travers son nouveau plan stratégique, Ambition 2030.

Le groupe Avril a présenté ses résultats de l’année 2023 lors d’une conférence organisée le 10 avril - © D.R.
Le groupe Avril a présenté ses résultats de l’année 2023 lors d’une conférence organisée le 10 avril - © D.R.

« L’année dernière (en 2022), nous avions eu des résultats extraordinaires, dans un contexte inédit : le conflit russo-ukrainien, l’explosion du prix des matières premières, le retour de l’inflation en Europe, les taux d’intérêt augmentant fortement… ». Pour présenter les résultats 2023 du groupe Avril, lors d’une conférence organisée le 10 avril 2024, Aymeric Mongeaud, son directeur financier, a dû remettre en perspective les chiffres notables de l’exercice précédent, que l’agro-industriel n’a pu reproduire, avec un chiffre d’affaires et un EBITDA respectivement en baisse de 12,7 % (de 9,031 à 7,888 Mds €) et 41,5 % (de 583 à 341 M€). « Nous avons eu, en 2023, le retour à des prix que l’on connaissait il y a 3-4 ans. La demande n’est plus du tout la même : en 2022, nous avions peur de manquer de nourriture et d’énergie, ce qui avait profité à nos activités. En 2023, l’économie ralentit, hésite entre récession et croissance », rapporte Aymeric Mongeaud.

Deux domaines ont été particulièrement concernés par la baisse de la demande : Avril Spécialités, rassemblant les activités du groupe autour de la production d’oléochimie, et Avril Grande Consommation, commercialisant les produits phares d’Avril tels que les huiles de table, condiments et légumes secs. L’EBITDA 2023 est tout de même le troisième meilleur de l’histoire du groupe, après ceux de 2022 et 2021. Preuve, selon le directeur financier, de « la résilience du modèle d’Avril dans un contexte adverse. »

Un résultat net largement en recul

La baisse est encore plus spectaculaire du côté du résultat net, passé de 218 à 39 M€. En 2021, alors que l’EBITDA d’Avril était sensiblement le même (356 M€) qu’en 2023, le groupe avait obtenu un résultat net largement supérieur (150 M€) : « Nous avions réalisé quelques résultats exceptionnels car nous étions sortis de nombreuses activités, comme la biosécurité. Aujourd’hui, nous sommes plutôt dans une logique d’acheter de nouvelles sociétés », justifie le directeur financier.

De fait, l’année 2023 a été synonyme de record d’investissements effectués par Avril, à hauteur de 450 M€, dont 243 d’investissements industriels (+ 8 % par rapport à 2022), qui ont notamment vu la construction de nouvelles unités de trituration Sojalim, la modernisation de l’usine Saipol de Sète ou encore l’ouverture de la première usine Oleon aux États-Unis. Grâce à un ratio de levier toujours réduit (1,2), Avril dispose, selon Aymeric Mongeaud, d’une « grande marge de manœuvre pour réaliser des opérations de développement et investir ».

1,5 milliard d’euros d’investissement jusqu’en 2030

Investir, c’est justement ce que prévoit Avril dans les prochaines années. Après ses stratégies Cap 2018 et Avril 2023, le groupe a dévoilé son nouveau plan, intitulé Ambition 2030. « Ce plan a été travaillé depuis plus de deux années avec l’ensemble des business, à qui nous avons demandé de se projeter en 2030, sans acquisition extérieure », explique Jean-Philippe Puig, directeur général d’Avril. Cinq axes stratégiques ont ainsi été identifiés : 

  • décarboner les produits ; 
  • apporter des offres à forte valeur ajoutée ; 
  • développer les protéines végétales ; 
  • renforcer le profil diversifié de nos activités et nos géographies ; 
  • accroître la compétitivité.

Pour cela, Avril prévoit, en 2030, un EBITDA supérieur à 550 M€, soit une croissance de plus de 200 M€ par rapport à 2023, et 1,5 Md€ d’investissements industriels de 2024 à 2030

En parallèle, le groupe a d’ores et déjà distingué cinq leviers de croissance pour demeurer « leader de la transformation végétale au service des transitions agricole, alimentaire et environnement » après 2030 :

  • Les solutions environnementales pour créer de la valeur sur toute la chaîne de la filière : « trouvons des idées qui permettent à la fois de valoriser les produits agricoles et rendre les économies au consommateur », préconise Jean-Philippe Puig ;
  • Les cultures intermédiaires : « entre deux rotations, il y a toujours 3-4 mois avec du couvert végétal et l’on se dit, que demain, si l’on plantait quelque chose de plus utile, cela permettrait d’enrichir la terre par de l’azote et récupérer des graines riches en huile » ;
  • Les ingrédients alimentaires : « Nous commençons à produire de la farine de lentilles, de pois, de pois chiche : voilà des ingrédients qui vont servir demain » ;
  • Les produits biosourcés  : « Nous pensons que nous sommes capables d’amener sur le marché des produits de base végétale, qui vont complètement déplacer des produits faits à base de pétrole » ;
  • L'intelligence artificielle générative : « C’est quelque chose qui va changer beaucoup de choses, qui en change déjà et dont nous ne savons même pas, aujourd’hui, où elle nous amènera dans sept ans ».

Chaque volet sera piloté par un binôme composé d’un salarié entièrement dédié et d’un membre du Comex. « Ce n’est pas un engagement financier mais un engagement de moyens humains », précise Jean-Philippe Puig.

 

Les chiffres d’Avril en 2023

  • EBITDA : 341 M€ (583 M€ en 2022, 356 M€ en 2021)
  • Chiffre d’affaires : 7 888 M€ (9 031 M€ en 2022, 6 854 M€ en 2021)
  • Résultat net, part du groupe : 39 M€ (218 M€ en 2022, 150 M€ en 2021)
  • Investissements industriels (Capex) : 243 M€ (226 M€ en 2022, 158 M€ en 2021)
  • Investissements dans les filières agricoles : 97 M€ (62 M€ en 2022, 69 M€ en 2021)
  • Ratio de levier : 1.2 (0.4 en 2022, 1.2 en 2021)