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Marché des céréales : le contexte reste compliqué

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Si le début de campagne a limité la casse sur le marché de l'export, les opérateurs français n'ont désormais pas d'autre choix que de passer à la vitesse supérieure. Mais vers quelles destinations ? A quel prix ? Pour Sébastien Poncelet, conseiller chez Agritel, des éléments conjoncturels, liés notamment au climat chez nos concurrents, pourraient laisser espérer quelques rebonds des marchés.


« Depuis le 1er juillet 2017, la France a exporté 3,6 Mt de blé sur les 9,5 Mt prévues pour cette campagne. La situation n'est pas dramatique mais il devient urgent que les transactions s'accélèrent pour éviter un engorgement en fin de campagne, explique Sébastien Poncelet. Sur l'échiquier mondial, même à 150 € la tonne, le blé français n'est malheureusement pas compétitif. Et les fluctuations des taux de change avec l'augmentation de l'euro par rapport au dollar, pénalisent encore un peu plus la compétitivité de la France à l'export. »

Si les achats de blé français par nos voisins européens ont sauvé la mise sur la première partie de campagne, vers les pays tiers, c'est la Russie qui rafle tout ! « Les autres années, l'arrivée du froid et de la neige dans les plaines russes ralentissaient les échanges, précise-t-il. Mais cette année, la première partie de l'hiver est extrêmement douce dans ce pays et la logistique n'a, en rien, été impactée. Les russes ont continué à exporter à tour de bras, s'imposant avec leurs prix bas sur la plupart des marchés, notamment vers l'Egypte. Au détriment de l'Europe et de la France. » Mais le climat russe pourrait redevenir un allié pour nos marchés. Les cultures en place sont actuellement très belles et pourraient être pénalisées si de fortes gelées arrivaient soudainement. Une perte potentielle de rendement qui pourrait freiner les ardeurs russes à l'export. Autre impact climatique à surveiller : le manque d'eau et les vagues de froid qui sévissent aux Etats-Unis. Des conditions climatiques qui pourraient pénaliser le potentiel de production américain.


« Potentiellement, certains rebonds des marchés sont donc à attendre, résume-t-il. Mais ces quelques éléments conjoncturels ne devraient toutefois pas inverser la tendance actuelle. » Pour la France, la solution passera par une augmentation des parts de marché vers ses clients traditionnels que sont les pays d'Afrique du Nord, par une quête de nouveaux débouchés en Afrique de l'Ouest et par la poursuite de notre présence chez nos voisins européens. Sur le papier, l'équation semble possible à résoudre. Mais de nombreux paramètres seront à prendre en compte, à commencer par le comportement des agriculteurs français. Vus les prix actuels du marché, la rétention est forte. Les engagements sont faibles et attendent des jours meilleurs. Mais attention au risque d'embouteillage en fin de campagne !