Marché des engrais : tension sur l’urée ; la solution en repli
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La Chine vient de taxer ses exportations d’urée, accélérant la hausse sur ce marché… Et risquant fort d’entraîner une partie du complexe des azotés dans son sillage. La demande au stade agriculteurs reste soutenue. La crainte, pas encore justifiée, de manquer de produit l’emporterait presque sur l’inquiétude face à l’extrême fermeté des cours.
100 %… Tel est le niveau de taxe adopté par le Chine pour ses exportations d’urée début avril. Conséquence immédiate, les prix au départ de la mer Noire gagnaient 20 % sur la seule journée du 10 avril. Le fond du marché de l’urée est donc fortement haussier, dans un contexte mondial des matières premières que l’on connaît bien, et alors que se multiplient les alertes sur l’incapacité à nourrir les populations les plus pauvres de la planète. L’Egypte, dans un même réflexe protectionniste, demande à ses producteurs, privés comme publics, de privilégier son marché intérieur. Cette nouvelle flambée des cours n’avait au 11 avril pas encore touché le marché français de l’azote liquide ou solide. C.D.
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Ces deux marchés évoluent différemment : la solution est en baisse et pourrait se situer encore en dessous en mai, à des niveaux de 220 euros (stocks à Rouen, retour de l’importation). A l’inverse les ammonitrates 33,5 sont en hausse et devraient confirmer le mouvement. Confirmation, aussi, le l’écart de prix entre les deux principaux intervenants sur le marché français : Yara, dont l’usine d’Ambès est en arrêt technique, tient des prix très élevés, alors que GPN semble plus prêt à lâcher sur les prix, à l’appui de stocks importants.
Les tendances en phosphatés et potassiques confirment les tensions sur les disponibilités à l’international et les prix sur le marché intérieurs accusent des hausses sensibles. La potasse semble engager un mouvement de rattrapage par rapport aux phosphatés, dont la hausse a démarrer plus tôt.
Les fournisseurs européens pratiquent les habituelles révisions de leurs outils de production (Ambes, Pec-Rhin…). Ce qui accentuent la rigidité du marché, note un observateur. Avec un rien de fatalisme. Car les préoccupations sont décidément en train de changer de nature : la question sera de plus en plus de se garantir en quantité de produits et de se prémunir des hausses.
Les cours en euros/tonne
Cours recueillis le 11 avril, en euros/tonne (dollar à 1,5815 euros), pour des volumes importants ; à moduler en fonction des destinations pour le franco magasin. Entre parenthèses, cours au 28 février
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Solution azotée, départ Rouen, avril, 228-230 (mars, 250 euros) ; début de campagne, mai, premiers prix avancés à partir de 220 euros.
Ammonitrates, franco vrac magasin de la distribution, 33,5 %, avril, 362-370, selon fournisseurs (mars, 348-350) ; 27 %, autour de 292-300 (mars, 282).
Urée, VDB ports de l’Ouest, avril, 325-330 (mars, 335).
Phosphatés, VDB, ports de la Manche, DAP, avril, 840 (mars, 610) ; TSP, 800 (mars, 580-590).
Potasse, VDB ports de la Manche, avril, 400 (mars, 340-345) ; mai, 415.
Composés, franco magasin, base 3 x 15, avril, 475 ; base 25/25, 525, avril.
Consommation : le tour des régions
Les couvertures sont assez largement réalisées sur des quantités qui au final devraient être supérieures aux utilisations de la campagne dernière. Dans l’Est les apports progressent, avec un retour cette année sur les ammonitrates, compte tenu des niveaux de prix de l’urée. Et une forte progression des engrais organiques. Dans le Nord, le 2e apport azoté est décalé du fait des conditions météos et la crainte se porte de plus en plus sur la capacité à disposer des produits. Le Centre le 2e apport est en passe d’être terminé. Le bilan dépendra du 3e apport, mais il devrait être au moins égal à celui de l’an dernier en grandes cultures, estiment nos interlocuteurs. A l’inverse l’utilisation chute sur les zones d’élevage allaitant.
Dans l’Ouest, l’avance considérable prise au stade des livraisons (que l’on peut estimer à au moins 20 % à fin décembre, 15 % à fin mars) tend à se réduire. Au final, les utilisations d’azotés devraient être supérieures de 5 à 7 %, sous les effets conjugués de la hausse des apports d’unités à l’hectare et des surfaces (blé, et dans une moindre mesure de maïs). A l’inverse, les binaires devraient à nouveau marquer une baisse et les ternaires rester stable.
Globalement, on voit les campagnes engrais s’étirer, avec des achats de plus en plus précoces et un troisième apport à la fois plus tardif et plus important.