Marchés des céréales : stabilité… et pourtant !
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La demande en céréales reste soutenue à l’échelle internationale. Les prix eux, varient peu. Pourtant, entre un climat anormalement chaud en mer Noire, des tensions entre l’Iran et les États-Unis, des incendies persistants en Australie et les grèves en France, les marchés céréaliers ne sont pas à l’abri de sursauts dans les semaines à venir.
Le calme avant la tempête ? En ce début d’année, le marché des céréales est peu animé. L’attentisme est de mise. Les opérateurs scrutent la météo et notamment celle qui sévit en mer Noire. « En Russie et en Ukraine, les températures sont anormalement élevées pour un mois de janvier, constate Arthur Portier, consultant chez Agritel. Le thermomètre ne descend pas sous les -2°C alors qu’en année « normale », les -15 ou -20°C sont de mise ! L’état végétatif des plantes est déjà bien avancé. La crainte de l’arrivée de fortes gelées est réelle, d’autant qu’il n’y a, pour l’instant, aucune couverture neigeuse pour protéger les cultures». Plus que jamais, la Russie s’affiche comme l’un des points d’équilibre du marché. Un incident climatique dans cette zone du globe aurait un impact majeur sur le marché mondial du blé tendre.
Enfin un accord entre la Chine et les États-Unis ?
Autre élément à suivre : le comportement imprévisible du président américain. Vis-à-vis de l’Iran bien sûr mais également de la Chine. « Un accord commercial est prévu avec la Chine pour le 15 janvier et avec lui, des perspectives d’achat de blé, poursuit-il. Une promesse, source d’optimisme, qui a animé les marchés en tout début d’année. Mais tant que l’accord final n’est pas signé, la prudence s’impose. »
Au Moyen-Orient, le prix du pétrole en jeu
La situation au Moyen Orient reste évidemment une autre source d’inquiétude pour les opérateurs, même si le 9 janvier, les tensions entre l’Iran et les États-Unis semblaient redescendre d’un cran. « Une persistance du conflit pourrait impacter le prix du pétrole, rappelle Arthur Portier. L’Iran est bordé par le détroit d’Ormuz, là où transitent près de 20 % des tonnages de pétrole. Si les Iraniens décidaient de bloquer le passage, pour gêner les alliés des Américains, l’impact sur le prix du pétrole serait immédiat. Une hausse du prix du pétrole entraînerait un recul du dollar, une augmentation de la parité euro/dollar et une baisse du prix du blé. Sans oublier une hausse du coût du fret maritime. »
Ne pas frustrer les clients de la France
Les fondamentaux du marché céréalier mondial sont désormais connus. La récolte chez les principaux pays exportateurs de blé a été bonne. Les exportations russes, ukrainiennes et européennes ont été soutenues depuis le début de campagne. « Des pays comme l’Égypte, l’Iran ou la Turquie sont venus aux achats : des demandes opportunistes, difficiles à anticiper car directement liées aux stratégies géopolitiques des États. » En France, l’annulation de trains suite aux grèves, a eu des conséquences sur l’exécution de certains contrats. « Ces événements compliquent la logistique reconnait Arthur Portier. Si la grève durait, elle pourrait, à terme, ternir l’image de la France, réputée pour posséder une logistique bien rodée. Les exportateurs s’attachent à répondre au mieux à chaque demande pour ne pas frustrer les clients qui pourraient dès lors se tourner vers d’autres destinations ».
Les prix du sorgho grimpent en Australie
En Australie, la persistance des incendies n’influence pas encore le marché des céréales. La récolte des blés, des orges et des colzas était heureusement terminée. L’inquiétude est en revanche très forte pour le sorgho, encore sur pied. « Cette culture affiche déjà un fort retard de développement dû notamment à la sécheresse, note Arthur Portier. La production est prévue à 400 000 t contre 1,3 Mt une année « classique ». Les prix ont déjà fortement augmenté ». Conséquence directe : les éleveurs se reportent sur le blé et l’orge pour nourrir leurs animaux. Autant de tonnes qui ne seront pas exportées. La Russie pourrait profiter de ce contexte pour se positionner sur des marchés habituellement couverts par l’Australie : des marchés demandeurs de blés à forts taux de protéines Et par effet de ricochet, la Russie pourrait laisser des opportunités aux productions européennes sur d’autres destinations.