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Méthane 2030, le projet qui veut diminuer les émissions de GES des fermes d’élevage

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Le programme Méthane 2030 a été officiellement lancé le 21 février 2024. Réunissant une dizaine de partenaires, il prévoit de réduire d’un quart les émissions de GES des fermes d’élevage, via la lutte contre le méthane entérique. Plus de onze millions d’euros ont été mobilisés pour le projet, qui court jusqu’en 2027.

Le programme Méthane 2030 a été lancé le 21 février 2024. Il prévoit de réduire d’un quart les émiss - © D.R.
Le programme Méthane 2030 a été lancé le 21 février 2024. Il prévoit de réduire d’un quart les émiss - © D.R.

« Cela a été très compliqué de monter ce projet, nous avons rencontré plein d’écueils mais ces difficultés nous ont permis d’avoir une filière des ruminants soudée comme elle l’a rarement été : tout le monde était dans le même bateau, et il n’a jamais tangué ! ». Daniel Perrin, président d’Apis-Gene, avait de quoi se réjouir lors du lancement officiel, le 21 février 2024, du programme Méthane 2030, qui prévoit la réduction des émissions de méthane entérique bovin. Un projet « bien financé », de l’aveu même de Daniel Perrin : sur les 11,3 millions d’euros, BPIFrance contribue à hauteur de 40 %, soit un peu plus de 4,5 millions d’euros, les 6,8 millions restants étant à la charge des dix partenaires*.

Une expérimentation sur quinze sites

Le projet, qui court jusqu’en 2027, s’appuie sur une approche multidisciplinaire, combinant aspects génétiques et techniques, et l’élaboration de solutions basses émettrices de méthane déployées via le dispositif Cap'2ER (Calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants). L’objectif se décline en trois axes : le développement de références sur le méthane entérique (pour couvrir un maximum de situations d’élevage et d’améliorer les combinaisons des facteurs), le développement d'outils supports pour le conseil en élevage et la construction d’une boîte à outils pour une approche globale. « Nous n’allons pas faire de recherche forte, nous allons agréger et passer au niveau terrain, produire des méthodes opérationnelles, présente Mickaël Brochard, responsable du département génétique à l’Idele. Nous allons mettre en réseau 22 GreenFeeds, dont une douzaine acquise au titre du projet, ce qui est assez colossal ». Méthane 2030 pourra s’appuyer, en outre, sur les données directement récoltées par 50 sniffers installés sur robot de traite et deux lasers Methane Detector.

Ces outils seront déployés sur quinze sites expérimentaux, dont huit fermes (La Blanche Maison, Trévarez, Derval, Thorigné d’Anjou, les Trinottières, les Etablières, Casteljaloux, Moussours) issues du réseau Farm XP. « C’est la première fois que nous avons autant de partenaires, autour de fermes expérimentales sur un sujet donné, se félicite Mathieu Merle, coordinateur de Farm XP. Avec ces sites, nous avons une diversité de contextes pédoclimatiques, de reliefs, de systèmes de production ». Les fermes mettront en place, d’ici 2027, pas moins de 27 essais analytiques sur différents types d’animaux (vaches en production, bœufs, génisses, jeunes bovins), « l’objectif étant d’apporter des corrélations entre des données d’alimentation, zootechniques  et de production de méthane grâce aux GreenFeeds installés dans les fermes », détaille Mathieu Merle. 

Vers une diminution de 50 % du méthane entérique

Les acquis de Méthane 2030 intègreront la démarche de conseil global « Bas carbone » via trois actions : la vulgarisation des connaissances acquises, la formation des conseillers des réseaux partenaires et l’intégration des résultats du programme dans les outils existants, dont Cap'2ER. Le projet vise, à terme, une réduction de 50 % du méthane entérique soit « 25 % des gaz à effet de serre d’une ferme d’élevage herbivore, c’est considérable ! », se félicite André Le Gall, chef du département techniques d’élevage et environnement de l’Idele. Pour lui, le projet tombe à point nommé : « Nous avions la conviction que la France n’était pas en retard mais que si jamais nous n’avions pas ce projet de massification et d’amplification, nous l’aurions été d’ici cinq ans ». 

*Outre Apis-Gene, qui supporte à lui seul 3,8 millions d’euros, Idele, Inrae, la Chambre d’agriculture de Bretagne, Eliance, Cniel, Interbev, Races de France, la CNE, France Génétique Elevage