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Michel Barnier rassure les membres de Coop de France

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Entre crise financière fragilisant les industries agro-alimentaires, marchés d’une volatilité extrême, bilan de santé de la Pac, loi de modernisation de l’économie et Grenelle de l’environnement, l’intervention du ministre de l’Agriculture devant le congrès de Coop de France était attendue avec intérêt.

« Il ne faut pas être optimiste, mais déterminé », a déclaré Michel Barnier le 13 novembre, à Paris, lors de l’assemblée générale de Coop de France. Une manière d’assurer les dirigeants de la coopération française de sa volonté de les soutenir sur certain nombre de dossiers. Voire de mettre la coopération, « au coeur de sa stratégie » face à la fragilisation des industries agro-alimentaires et des conséquences de la crise financière.

Concrètement, il veillera à ce que les coopératives « ne soient pas les oubliées du plan de soutien au financement des PME ». Au total, 200 millions d’euros de moyens budgétaires et un milliard de garanties de financement devraient être débloqués. S.P./C.D.

Photo : débat sur les relations avec les adhérents et la volatilité du marché. Compte-rendu spécifique dans notre prochaine lettre.

« Consolider l’économie réelle ». C’est dans cet esprit que le ministre de l’Agriculture inscrit l’aide aux IAA, comme le plan d’urgence pour l’agriculture. « Aucun état d’âme », par ailleurs, sur la question de la fiscalité coopérative (voir notre dernière lettre), à laquelle le ministre apporte à nouveau « son soutien le plus déterminé. » Il note d’ailleurs un début d’infléchissement de la position de la Commission européenne sur ce dossier.

Pour 8 milliards d’euros

La régulation : le cœur du débat de la Pac. Ce volet était naturellement très attendu par les coopératives. Michel Barnier a toujours prêché pour une approche spécifique des dossiers agricoles et alimentaires, y compris pour « éviter la concentration des productions dans les zones les plus compétitives », et prôné une « gouvernance mondiale nouvelle ». Il a tenté, lors de la présidence française de l’Union de mettre en avant trois priorités : la préférence européenne, le maintien d’un minimum de mécanismes de stabilisation du marché et des soutiens compatibles avec le développement durable. Dans quelle mesure ces priorités seront-elles entendues par la Commission et les autres pays membres dans le cadre du bilan de santé de la Pac ? La réponse est imminente, puisqu’elle sera rendue le 20 novembre, à l’issue du Conseil des ministres de l’agriculture. Michel Barnier se veut « raisonnablement optimiste », comptant sur une « boîte à outils » permettant de mettre en place une Pac « préventive, équitable et durable ». Avec, d’une manière très pragmatique, le souci de « mieux répartir les quelque 8 milliards d’aides directes que reçoit la ferme France ».

Redonner un contenu à l’ observatoire des prix et des marges

Autre préoccupation exprimée par Philippe Mangin dans son discours (voir par ailleurs notre lettre de la semaine dernière) : la pression exercée par la grande distribution sur les producteurs et l’inadéquation de la nouvelle loi de régulation de l’économie pour y faire face. La réponse du gouvernement tient pour l’heure dans la mise en place d’un comité de pilotage (un de plus ?) pour redynamiser l’observatoire des prix et des marges, co-animé par les ministères de l’’Agriculture et de la Consommation. Le principe en a été accepté par Luc Chatel, secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation (qui fait partie des possibles futurs ministres de l’Agriculture, si Michel Barnier part bien fin 2008…).

« Paquet pesticides » : risque de douche froide

La question de la révision de la réglementation européenne des pesticides avait déjà fait l’objet d’une alerte sérieuse de Hubert Grallet, président de Coop de France-Métiers des grains, lors de son intervention le 12 novembre. Après avoir sollicité l’appui des Parlementaires sur les risques de voir les productions fragilisées en quantité comme en qualité pour des critères d’exclusion excessifs, Coop de France en appelle maintenant au gouvernement. Michel Barnier a répondu assez clairement, en précisant son intention de concilier trois objectifs : harmonisation des règles en Europe, renforcement de la protection des utilisateurs et consommateurs et enfin maintien de la capacité de l’Europe à produire… « Nous devons maintenir cet équilibre entre les trois objectifs comme nous l’avons fait dans le cadre du plan Ecophyto 2018. J’y veillerai », a conclu le ministre del’Agriculture.

Il a enfin apporté une des rares réponses concrètes aux demandes formulées par les coopératives. Elle concerne le dossier du transport routier, et du souhait des professionnels de voir porter le poids maximal des camions de 40 à 44 tonnes, permettant de diminuer d’autant le nombre de véhicules sur les routes et les coûts. Un projet de décret serait ainsi en cours de discussion avec le Ministère de l’Ecologie… depuis le 12 novembre. C.D.