Mycotoxines sur blé tendre : plus de peur que de mal
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Alors que la plupart des blés sont désormais à l’abri, les résultats tant en quantité qu’en qualité commencent à s’affiner. Côté volumes, l’hétérogénéité restera le maître mot de cette campagne. Côté qualité, les taux de protéines sont inférieurs à l’an passé. La présence de mycotoxines apparaît un peu partout en bruit de fond mais celle-ci n’entraîne que peu de déclassement de lots.
Pour les rendements, plusieurs phénomènes semblent expliquer l’hétérogénéité des résultats : les conduites des cultures, le choix variétal, les techniques d’implantation… mais aussi le type de sol. Ainsi, la météo capricieuse du printemps a plutôt eu tendance à favoriser les terres superficielles : les terres plus profondes ayant eu quant à elles plus de mal à supporter les excès d’eau. Ainsi, en Lorraine, les terres filtrantes ont généré de meilleurs rendements que les terres profondes, humides et compactées. Alors qu’en règle générale, c’est plutôt l’inverse. Idem en Auvergne où les terres de Limagne ont eu du mal à produire les quintaux attendus : dans cette région, les petites terres, filtrantes, s’en sortent mieux.
Anne Gilet
Quelques résultats pour les moyennes de rendement en blé tendre : 60 q/ha dans le sud, 66 à 70 q/ha dans le Centre, 70 à 72 q/ha en Vendée, à peine 70 q/ha dans la Mayenne, 75 q/ha dans la Sarthe, 66 q/ha dans le Maine-et-Loire et en Loire Atlantique, un 60 q/ha un peu décevant en terres de Limagne, un 72 q/ha « pas exceptionnel mais satisfaisant » en Lorraine, des 80 à 100 q/ha prometteurs dans les départements situés au nord de Paris.
Quant à la qualité des moissons, fin juillet, l’inquiétude des OS autour de la problématique des mycotoxines était palpable. Mais à l’heure où la quasi totalité des blés est désormais moissonnée, la pression est retombée. Chez Domagri (63), Patrick Pithon, le directeur général confirme. « Les lots infestés sont au final marginaux. Nous avions de grosses craintes mais au final, la qualité sanitaire est très correcte ». Même ton rassurant dans la voix de Gérard Husson, directeur général de la Cal (54) : « à peine 5 % des lots ont été mis de côté. Cette année encore, nous avons bien mis en évidence le lien entre taux de grains fusariés et présence de mycotoxines. Jusqu’à 1 % de grains fusarisés, aucun soucis de qualité. Nous avons donc isolé les lots qui présentaient plus de 1,5 % de grains fusariés. Pas de surprise non plus sur les itinéraires techniques : semer un Caphorn derrière un maïs et implanté sans labour reste une pratique à risque. Et pourtant, cela s’est encore vu cette année ! ». Toutefois, tous les opérateurs interrogés confirment qu’après une telle campagne, l’analyse des lots reste impérative.
Pour les taux de protéines, les performances des blés affichent en moyenne un point de moins que l’an passé. Un résultat qui ne semble pas gêner les meuniers. L’un d’eux explique : « pour l’heure, la qualité des lots est correcte. Malgrè un taux de protéines en recul et un P/L (tolérance de la pâte) un peu fort, nous réussissons à faire du beau pain. Le plus difficile sera peut-être de réussir à l’expliquer à nos clients ! ».