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Mycotoxines, un coût qui se compte en milliards pour l’Europe entre 2010-2019

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De 2010 à 2019, le déoxynivalénol, mycotoxine due aux fusarioses, a coûté trois milliards d’euros aux producteurs européens. En cas de forte concentration, le déclassement en fourrage cause une perte qui a dépassé les 85 € par tonne en 2015.

Mycotoxines, un coût qui se compte en milliards pour l’Europe entre 2010-2019
Mycotoxines, un coût qui se compte en milliards pour l’Europe entre 2010-2019

Dans une étude publiée le 15 décembre dans Nature Food, des chercheurs des université de Bath et Exeter (Royaume-Uni) se consacrent à l’impact économique engendré par les mycotoxines dues aux fusarioses, sur la valorisation du blé. Leur travail recoupe des chiffres collectés sur la période 2010-2019, à l’échelle européenne et porte en particulier sur une mycotoxine : le déoxynivalénol (Don). Selon l’étude, sur cette période, 75 millions de tonnes de blé, soit 5 % du blé cultivé pour l’alimentation humaine, dépassaient la limite de 750 µg de Don par kilo de céréale. L’impact financier du déclassement de ces volumes en alimentation animale, sur les dix années étudiées, est évalué à environ trois milliards d’euros de perte.

Jusqu’à 86,74 € de perte par tonne

Dans le détail, le pourcentage de blés dépassant la limite de Don était le plus élevé en 2012 (10,7 %), mais le coût du déclassement a été le plus important en 2015. La différence de valeur entre le blé alimentaire et le blé fourrager était alors de 86,74 € par tonne. La présence de mycotoxines a également un impact sur le rendement, non calculé dans cette étude. Les auteurs précisent que les pertes liées aux autres mycotoxines de la fusariose, au coût des applications de fongicides ou encore aux tests et OAD permettant de déclencher les traitements, ne sont pas non plus pris en compte.

Des mycotoxines dans les fourrages

Le déclassement des lots les plus touchés a une autre conséquence, notent les chercheurs. Les blés destinés aux élevages contaminés au Don représentent 64 % de ce débouché, avec une concentration moyenne de 858 µg/kg, supérieure au taux autorisé pour l’Homme. Dans les situations les plus extrêmes (soit 1,5 % cas), cette concentration dépassent même les valeurs indicatives maximales de l’UE pour les aliments pour animaux (8 000 µg/kg), avec un maximum détecté de 49 000 µg/kg.

« Bien qu’une faible contamination des aliments suggère que les limites légales de l’UE ont un effet positif, une surveillance rigoureuse et une gestion réactive des épidémies de mycotoxines de la fusariose doivent continuer à protéger la santé humaine et animale », concluent les auteurs de l’étude.