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Pari réussi pour la betterave bio de Tereos

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Lancée en 2019, la production de betteraves bio de Tereos couvrira près de 500 hectares cette année. Sur le plan agronomique, le principal défi à relever concerne le désherbage. Faux semis, désherbage mécanique et manuel, le groupe expérimente toutes les solutions possibles pour sécuriser la production.

© Michel Blossier - © D.R.
© Michel Blossier - © D.R.

Pour répondre à la demande du marché français en un sucre bio et local, Tereos a lancé en 2019 la culture de la betterave bio. Le groupe coopératif dresse un bilan positif de ce premier exercice d’expérimentation. « Pour la campagne 2020, nous sommes passés de 200 à 500 ha. Le nombre d’agriculteurs a plus que doublé et près d’une soixantaine sont partenaires aujourd’hui », constate Laura Loffler, responsable des activités bio chez Tereos, lors d’une conférence de presse organisée en ligne le 19 juin. La collecte des betteraves, dont Tereos n’a pas souhaité communiquer le tonnage total, est transformée sur le site d’Attin, dans le Pas-de-Calais. Commercialisé auprès des agriculteurs bio producteurs qui avaient une activité de transformation à la ferme, le sucre issu de ces betteraves bio sera aussi vendu directement au consommateur dès 2021. Les agriculteurs produisent sur l’ensemble du bassin de Tereos : Hauts-de-France, sud de la région parisienne et dans l’Est, sur la Marne et la Seine-et-Marne. Le groupe sucrier leur propose la rémunération suivante : au socle fixe s’ajoute une prime de 80 €/t ainsi qu’une prime à l’hectare de 200 €/ha, auxquelles s’ajoute une possible prime pour la valorisation.

Le désherbage, la principale difficulté agronomique

La gestion de l’enherbement est le principal frein technique au développement de la betterave bio. Tereos expérimente plusieurs techniques. « Nous essayons le faux semis, différents outils de désherbage mécanique, comme la herse. Dans l’idéal, il faut pouvoir les utiliser le plus tôt et le plus souvent possible, en combinant les outils. Mais nous sommes encore dans l’expérimentation », explique Patrick Kerckove, ingénieur du service agronomique de Tereos. Le groupe a aussi comparé les impacts du désherbage manuel sur trois exploitations durant cette première campagne. « Le désherbage manuel génère en moyenne un gain de rendement d’environ 30 t/ha. Nous visons 50 à 100 h/ha. Au-delà de ce seuil, difficile pour l’exploitation d’être rentable », considère l’expert.

« Mon rendement sur la première année s’est élevé à 52 t/ha à 16 %.

Mais il a été limité par l’enherbement. Je n’ai pas fait de désherbage manuel et n’ai pas pu biner autant que souhaité.

Cette année, je vais faire appel à une équipe de 10 à 12 personnes pour désherber le rang. Afin de rester rentable avec 80 heures de désherbage manuel par hectare, il me faudrait 20 t/ha de rendement supplémentaire »

Pari réussi pour la betterave bio de Tereos - © D.R.
Pari réussi pour la betterave bio de Tereos - © D.R.

Romain Lhopitaux

Agriculteur bio dans d’Eure-et-Loire.

Photo : Michel Blossier pour Tereos