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1 million d’espèces menacées d’extinction

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Les experts de l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, ont, le 6 mai, dévoilé leur rapport après trois années de travail. Le bilan de 145 experts, issus de 50 pays, est alarmant : un million d’espèces animales et végétales, sur les huit millions estimées de par le monde, sont menacées d’extinction. L’agriculture est au cœur du document, à la fois victime, responsable et porteuse de solutions pour préserver la biodiversité.

Victime car les experts rappellent qu’une partie de la production agricole annuelle mondiale, d’une valeur marchande estimée entre 235 et 577 milliards de dollars, est confrontée au risque de disparition des pollinisateurs. 75 % des types de cultures vivrières mondiales dépendent en effet de la pollinisation. Les fruits, les légumes ou encore le chocolat sont des filières particulièrement menacées. « 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et 1 000 races de plus sont menacées », précisent encore les auteurs de l’étude.

Faire face ensemble

Responsable, l’agriculture l’est de par ses modes de production, intensives. Le changement d’utilisation des terres est ainsi le premier facteur de dégradation cité par l’IPBES, devant notamment le changement climatique ou la pollution. « Nous ne voulons pas condamner les agriculteurs. Au contraire, nous souhaitons faire face ensemble à ce défi, précise cependant Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES. Cela dit, il est vrai que dans les faits, la manière dont nous produisons notre alimentation a des conséquences : hors de nos frontières, la cause principale est la déforestation. En France, l’enjeu principal est la réduction de l’utilisation des pesticides. »

Promouvoir l’agroécologie

Elle plaide ainsi pour « une agriculture raisonnée laissant sa place à la biodiversité », via l’installation de haies ou de bandes fleuries. Des actions vertueuses qui doivent cependant, selon elle, être mieux encadrées et encouragées par la réglementation. « Il y a un frémissement dans le monde agricole mais nous sentons encore la présence d’intérêts économiques. Il faudrait davantage de courage politique pour mettre en place des pratiques régulatrices. » Les auteurs soulignent l’importance de déployer et promouvoir des pratiques agroécologiques. Et pointent le nécessaire engagement de tous les acteurs du système alimentaire, producteurs comme consommateurs. 30 % de la production agricole et de l’offre alimentaire mondiales sont fournies par de petites exploitations de moins de deux hectares qui utilisent 25 % des terres agricoles et conservent généralement une agrobiodiversité riche.

Inverser la tendance

Pour parvenir à renverser la situation, les auteurs du rapport en appellent à des « changements en profondeur », sur des sujets tels que la production des aliments. « Nous ne devons pas travailler sur le climat, la biodiversité, la qualité de l’eau, le bien-être de tous de manière séparée. Tout est lié. Ce n’était pas dit de manière aussi claire dans les précédents rapports », souligne Sandra Diaz, corapporteure du rapport. Le document insiste par exemple sur le lien entre climat et biodiversité : près de 6 gigatonnes de CO2 sont retenues dans les écosystèmes marins et terrestres, soit 60 % des émissions mondiales dues aux combustibles fossiles. Les chercheurs ont modélisé six scénarios, partant sur l’hypothèse du maintien d’un statu quo mondial à une accélération de la mondialisation, ou à un changement profond de société. Pour une économie mondiale durable, l’évolution des systèmes financiers et économiques mondiaux est donc identifiée comme un élément clé des politiques futures. « La biodiversité n’est pas uniquement liée à l’environnement. Le vrai défi aujourd’hui est d’intégrer ces préoccupations à l’ensemble des secteurs d’activité, notamment ceux économiques et de la finance », plaide Robert Watson, le président de l’IPBES.

En détail :

- Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coraliens, des requins et des espèces proches, et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. La situation est moins claire pour les espèces d’insectes, mais les données disponibles conduisent à une estimation provisoire de 10 % d’espèces menacées.

- 25 % des espèces menacées d’extinction chez les vertébrés terrestres, d’eau douce et marins, les invertébrés et les plantes

- 500 000 (soit 9 % de l’ensemble des espèces) espèces terrestres ont un habitat insuffisant pour leur survie à long terme, si leur habitat n’est pas restauré.

- Plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et 1000 races de plus sont menacées.