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L’agriculture au cœur du Pacte vert européen annoncé par la Commission européenne

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« Réconcilier l’économie et la planète ». Le Green Deal, ou pacte vert européen, a été présenté le 11 décembre par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne depuis le 1er décembre. Cette feuille de route doit permettre à l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Cet objectif devrait être inscrit dans une « Loi climatique » attendue pour le printemps 2020. Une enveloppe de 1000 milliards d’euros sur dix ans a été annoncée.

L’agriculture concernée par cette ambition

Selon la présidente de la Commission, cette ambition est globale et concerne tous les secteurs d’activité, dont l’agriculture. Une feuille de route « De la fourche à la fourchette » sera consacrée plus précisément aux enjeux alimentaires et agricoles, et viendra appuyer l’effort global du Green Deal. Dans sa version finale, attendue également pour le printemps 2020, le texte fixerait des objectifs de conversion à l’agriculture biologique, de réduction du gaspillage alimentaire, de revenu agricole ou d’installation de jeunes agriculteurs. L’ambition serait également de réduire de 25 %, d’ici à 2030, l’usage des produits phytosanitaires.

Des objectifs qui ne seraient pas sans conséquence pour la prochaine version de la Politique agricole commune, dont la construction, en cours, a pris du retard. « Les propositions de la Commission concernant la politique agricole commune de 2021 à 2027 prévoit qu’au moins 40 % des budget global de la politique agricole et au moins 30 % du Fonds pour la pêche maritime [contribuent] à l’action climatique », indique ainsi une première version du Green Deal. D’ici à l'entrée en vigueur de la prochaine Pac, qui ne devrait pas avoir lieu avant 2022, la Commission européenne appelle les États membres à adapter leurs plans stratégiques nationaux pour promouvoir et soutenir l’agriculture de précision, l’agriculture biologique, ou le renforcement des standards concernent le bien-être animal.

Un plan qui « revalorise l’agriculture » pour la FNSEA

Globalement, la version actuelle du Green Deal liste des grands axes d’actions, en attendant de définir plus précisément les modalités d’action, le long de l’année 2020. Des annonces qui ont toutefois retenu l’attention du secteur agricole. «  Les contours de ce plan sont encore flous mais le fait que l’agriculture y soit incluse, qu’elle soit replacée au cœur des enjeux actuels, est une bonne chose », réagit Olivier Dauger, référent climat et énergie à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Une position qui a également le mérite de « revaloriser l’agriculture », explique-t-il, en mettant en avant le stockage du carbone dans les sols agricoles ou le développement des biomatériaux. Un plan qui devrait aussi soutenir les agriculteurs, en première ligne face au réchauffement climatique, assure l’élu de la FNSEA. « Tout a un prix. Si l’agriculture permet à l’Europe d’atteindre la neutralité carbone, il faudra pouvoir rémunérer d’une manière ou d’une autre les agriculteurs. Des moyens sont aussi nécessaires au niveau de la recherche », indique Olivier Dauger.

Dans un communiqué, le Copa-Cogeca, le syndicat représentant les agriculteurs et les coopératives au niveau européen, s’est montré plus méfiant suite aux annonces de la Commission européenne. La structure dit attendre de pied ferme davantage de détails sur la mise en œuvre du Green Deal, notamment sur la manière dont les agriculteurs seront rémunérés pour les services rendus, comment ces ambitions seront transcrites au sein de la prochaine Pac, ou la manière dont la réduction de l’usage des pesticides sera permise alors que le Green Deal ne présente pas de liste d’alternatives.