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Accord européen sur le climat : moins 40 % de GES à échéance 2030

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Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européen ont donné, après une longue discussion dans la nuit du jeudi au vendredi 24 octobre à Bruxelles, leur feu vert à un plan de lutte ambitieux contre le réchauffement climatique afin de persuader leurs partenaires internationaux de prendre des engagements similaires lors de la conférence de Paris sur le climat en décembre 2015. L’Europe s’est ainsi engagée de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 40 % d’ici à 2030 par rapport à 1990. Par ailleurs, l’Union européenne a l’ambition de porter la part des énergies renouvelables à 27 % de la consommation et de faire 27 % d’économies d’énergie. En outre, les Européens ont aussi décidé d’augmenter les « interconnexions » entre réseaux électriques au sein de l’Union à 15 % d’ici 2030.

Enfin, l’Europe s’est engagée à prendre en considération les multiples objectifs du secteur de l’agriculture et de l’utilisation des terres. La Commission européenne est chargée d’examiner les meilleurs moyens d’encourager l’intensification durable de la production alimentaire, tout en optimisant la contribution du secteur à l’atténuation des émissions de GES et au piégeage de ces gaz, y compris via le reboisement. Une stratégie sera mise en place avant 2020 sur la manière d’intégrer l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie dans le cadre de la réduction de 40 % des GES d’ici 2030.

Les réactions

L’Envoyé spécial du Président François Hollande pour la protection de la Planète, Nicolas Hulot, observe que l’accord européen sur un nouveau cadre énergie climat est « une étape essentielle et indispensable » sur la route de la conférence Paris Climat 2015. Et de souligner que même si l’objectif d’efficacité énergétique de 27 % est un compromis par rapport à la volonté et la nécessité de 30 %, l’absence d’accord aurait été un grave préjudice pour une dynamique positive et un signal négatif à proximité de la conférence de Lima. Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, se félicite de l’accord « ambitieux » du Conseil européen et du rôle que la France y a joué. Pour la ministre, par cet accord « l’Europe a su se montrer volontaire, créative et visionnaire ».

Jean-Paul Chanteguet, président de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, estime que l’Union européenne a montré la voie en annonçant la première ses engagements chiffrés en vue de la conférence sur le climat de décembre 2015. En revanche il regrette vivement que les Vingt-Huit n’aient pas été capables d’aller plus loin, en termes d’économie d’énergie, qu’un effort de 27 %. Pour la délégation socialiste française au Parlement européen, le compte n’y est pas, notamment sur la part des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique rappelant que les eurodéputés défendent une augmentation à 30 % d’énergies renouvelables et surtout un objectif de 40 % en matière d’efficacité énergétique d’ici 2030.

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, juge l’objectif européen en matière de déploiement des énergies renouvelables « sous-dimensionné » par rapport aux investissements passés. L’objectif de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, adopté par le Conseil européen, est « dramatiquement insuffisant », déplore Attac. Pour Armelle Le Comte, porte-parole d'Oxfam France, cet objectif de réduction est « peu cohérent » avec les engagements à long terme (horizon 2050) que l’Europe s’était fixée en 2009, mais surtout bien en deçà de la part dont elle devrait s’acquitter pour limiter le réchauffement climatique à 2°C.