Accords de libre-échange, « faire du climat une clause essentielle », Jean-Luc Demarty, Commission européenne
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Jean-Luc Demarty, conseiller hors classe de la Commission européenne et ancien directeur général de l’Agriculture de cette même instance, a défendu bec et ongle les accords de libre-échange, le 16 octobre, lors des Assises de l’alimentation à Rennes. Pour lui, ces négociations commerciales sont bonnes pour l’emploi et pour la croissance. Mais qu’en est-il des aspects environnementaux ? « Contrairement à ce que nous pouvons lire, les produits qui entrent chez nous via ces traités doivent respecter nos normes, notamment en matière d’usage des pesticides, insiste-t-il. Par ailleurs, les parties prenantes signent également des chapitres de développement durable ambitieux, sur le droit du travail, l’environnement et le climat avec l’Accord de Paris. » Il cite une étude qui montre que le Mercosur aura peu d’incidence sur les émissions de gaz à effet de serre en Europe.
Répandre les valeurs de l’Europe
« Les accords sont une bonne occasion d’inciter nos partenaires à adopter des mesures environnementales, comme c’est le cas avec les pays du Mercosur, renchérit Jean-Luc Demarty. Ils répandent les valeurs de l’Europe, vers plus d’écologie et de droits des hommes. » Certes, des efforts sont encore à réaliser dans l’efficacité des exigences environnementales des accords bilatéraux. « Les droits de l’Homme en sont une clause essentielle : un accord peut être rompu si le pays ne le respecte pas. Nous pourrions faire la même chose avec le climat », lance-t-il.
Toutefois, tous les accords n’ont pas la même portée économique et environnementale. Le Ceta suscite moins d’aversion que le Mercosur. « Ce dernier est une catastrophe pour les éleveurs, a indiqué l’ancien ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Or, avec le Canada, nous avons réussi à répertorier 42 indications géographiques protégées : c’est une grande avancée pour les produits de qualité français. »
Le message passe pourtant mal auprès des agriculteurs
Dominique Chargé, président de Coop de France, le reconnaît : « Le Ceta est sans doute positif. Mais le message passe mal auprès des agriculteurs, qui voient une entrée de production ne répondant pas aux mêmes exigences environnementales. » Pour dissiper tout malentendu, Jérémy Decerle, eurodéputé LREM et ancien président des JA, prône un traitement différent de l’agriculture dans les accords : « Nous ne pouvons pas échanger des avions de chasse contre des kilogrammes de viandes ! »