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« Adapter notre production aux nouveaux modes de consommation », Dominique Chargé, président de LCA

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Redressement de la compétitivité, accompagnement de la transition et adaptation aux nouveaux modes de consommation, tels sont les trois axes de « la stratégie alimentaire conquérante » de La Coopération Agricole, présentée par Dominique Chargé, président de LCA le 4 septembre 2024.

Dominique Chargé, président le LCA, et Florence Pradier, directrice de LCA, le 4 setembre 2024 - © D.R.
Dominique Chargé, président le LCA, et Florence Pradier, directrice de LCA, le 4 setembre 2024 - © D.R.

Redressement de la compétitivité, accompagnement de la transition et adaptation aux nouveaux modes de consommation, tels sont les trois axes de « la stratégie alimentaire conquérante » de La Coopération Agricole, présentée par Dominique Chargé, président de LCA le 4 septembre 2024. « J’appelle à agir en urgence. Nos modèles de production sont fragilisés, avec une perte de compétitivité et une baisse de la production. Il y a un risque de décrochage de l’agroalimentaire français », indique-t-il.

L’investissement dans les transitions pour les coopératives agricoles s’élève à environ 600 millions d’euros par an jusqu’en 2030, selon Dominique Chargé. Il demande que le fonds d’investissement agroalimentaire, annoncé en mars 2023 au Salon de l’agriculture, de 500 M€, puisse être remis à l’ordre du jour du prochain gouvernement.

Il appelle à une plus forte concertation de l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire dans le cadre de la loi Egalim. « Il ne faut pas rendre complexe la loi Egalim. N’allons pas remettre une date butoir de négociation, cela ne changera rien. »

Les principaux axes de la stratégie alimentaire conquérante

1. Redresser la compétitivité

  • Faire de la compétitivité-coûts une priorité pour tous les marchés
  • Réorganiser notre parc industriel grâce au fonds IAA de 500 M€
  • Favoriser la réorganisation économique de la production
  • Faciliter l’implantation, la modernisation et la consolidation d’outils de production et de transformation dans les territoires
  • Refonder le droit de la concurrence pour protéger nos filières

2. Accélérer l’accompagnement de la transition

  • Sécuriser l’accès aux ressources
  • Redonner les moyens d’accompagnement des agriculteurs en revenant sur la séparation de la vente et du conseil
  • Mettre en place un fonds en faveur des transitions agroécologiques
  • Rémunérer les agriculteurs pour la mise en place des transitions

3. Adapter la production aux nouveaux modes de consommation

  • Mieux coopérer avec les acteurs de la chaîne alimentaire
  • Reconquérir la production en entrée et en cœur de gamme
  • Mettre en place une exception agricole dans la commande publique
  • Lutter contre la concurrence déloyale
  • Interdire la publicité comparative sur les produits alimentaires

« Les modes de consommation se déplacent vers un nomadisme »

  • « Il ne s’agit plus d’une tendance conjoncturelle. Malgré le ralentissement de l’inflation, la motivation d’achat des consommateurs reste la même qu’en 2023, avec une consommation qui s’est massivement déplacée vers les marques de distributeurs et les premiers prix. Les modes de consommation se déplacent vers un nomadisme qui crée de nouveaux usages de la production et des produits agricoles et alimentaires, pour lesquels notre agriculture n’est pas orientée, car nous nous étions dirigés vers une montée en gamme. »
  • « Il faut une réorientation des produits agricoles vers la restauration rapide. L’évolution des modes de consommation accélère les importations de produits. »
  • « Ce n’est pas un renoncement à la qualité. Nous aurions tort de nous positionner uniquement sur le haut de gamme et de laisser le reste aux produits importés. »

« La production nationale décline depuis 20 ans »

  • Baisse de la production nationale depuis 20 ans : -62 % en protéagineux, -26 % en bovin, -23 % en vin et fruits, -8 % en porcin, -5 % en avicole, selon LCA
  • « L’effet ciseaux s’accroît avec des prix qui ne couvrent pas les frais de production.
  • Les marges de nos coopératives sont trop faibles face aux besoins d’investissement. L’Ebitda moyen est de 4,37 %, et le résultat net moyen total de 0,83 %. C’est trop faible. Les coopératives les plus touchées sont celles les plus consommatrices en énergie, comme celles de la filière sucre ou poudre de lait. »

« Il ne faut pas rendre complexe la loi Egalim »

  • « Il ne faut pas rendre complexe la loi Egalim. Nous n’allons pas remettre une date butoir de négociation, cela ne changera rien. En tant que coopérative, nous devons déjà fournir les prix des matières premières et les organiser. Il ne doit pas y avoir de pacte entre agriculteurs et industriels sans inclure les acteurs intermédiaires. Je souhaite que l’on travaille avec tous les acteurs de la chaîne alimentaire. Nous voulons davantage de coopération plutôt qu’une évolution du cadre réglementaire. Si des orientations devaient, in fine, augmenter les importations et alimenter la guerre des prix, je ne les soutiendrais pas. »

« Réunir en urgence les acteurs de la chaîne alimentaire »

  • « J’espère que nous aurons rapidement un Premier ministre pour réunir en urgence les acteurs de la chaîne alimentaire, afin de faire ce diagnostic et de coconstruire une feuille de route conséquente, permettant de remettre dans le panier des consommateurs des produits français qui correspondent aux modes de consommation.

    Nous serons présents au Salon des Maires, du 19 au 21/11/2024. L’année 2025 sera celle des coopératives, et nous mènerons des actions pour faire entendre notre voix. »

Dominique Chargé

 


 

La consommation alimentaire

• Depuis 2019, la consommation alimentaire est en baisse de 5,3 % en volume (Direction générale du Trésor, flash conjoncture de juillet 2024)

• Les achats de marques distributeurs et de premiers prix ont augmenté de 9 %, les marques nationales baissent de 4,4 %, les produits bio sont en baisse de 7,2 % au premier semestre 2024, selon LCA

• Le chiffre d’affaires de la RHD a augmenté de 3 % en mai 2024 par rapport à mai 2023 (Food Service Vision 2024)

• La restauration en snacking augmente de 18 % (Kantar 2023)

• La restauration rapide a augmenté de 30 % entre 2019 et 2023 (Food Service Vision 2024)

Source : chiffres cités par La Coopération Agricole le 04/09/2024