Référence agro

Adoption de la loi biodiv : les réactions s’enchainent

Le | Politique

Suite à l'adoption de la loi biodiversité le 20 juillet (cf papier de Une de cette lettre), les réactions sur ce vote final sont nombreuses, et démontrent tout l'enjeu futur de la biodiversité pour le secteur agricole.

- Pour Ségolène Royal, ce projet de loi « vise à rétablir avec la nature des relations non seulement harmonieuses mais fructueuses, bonnes pour la santé, bonnes pour l'innovation et bonnes pour l'emploi ».

- Pour les sénateurs, « bien que contenant de nombreuses avancées », cette loi reste fragile. Elle « exigera une mobilisation de tous les acteurs pour que les actions en faveur de la biodiversité soient réellement effectives ».  

- Sur l'interdiction des néonicotinoïdes, « qui va conduire les agriculteurs dans une impasse », Coop de France « rappelle que cette décision ne suit pas les recommandations de l'Anses du début d'année » et ne se fait guère d'illusion sur l'obtention de dérogations.  

- La FNSEA critique un bilan mitigé. Sur le sujet des néonicotinoïdes, le syndicat estime que les dérogations jusqu'en 2020 « ne sont pas la bonne solution » pour les agriculteurs qui « subissent sans cesse des aléas climatiques et sanitaires, doublés d'aléas économiques. La réalité des exploitations n'a pas été suffisamment prise compte. » Autre point de mécontentement : le principe de non-régression de la protection de l'environnement, craignant de nouvelles contraintes et charges. La FNSEA note toutefois des avancées : l'officialisation des services environnementaux rendus pas les agriculteurs, la place dans l'Agence française de la biodiversité, AFB, ou encore la définition claire des cours d'eau pour favoriser leur entretien.

- La Confédération paysanne déplore « des mesures qui vont mettre en danger la biodiversité, comme les délais accordés à l'interdiction sur les néonicotinoïdes, la porte laissée ouverte au brevetage des gènes natifs, la restriction aux associations à but non lucratif de la reconnaissance du droit d'échanger leurs semences et plants qui n'appartiennent pas à une variété protégée. Un dernier point considéré comme un recul pour les petits maraîchers et les artisans semenciers ».

- Les chambres d'agriculture ne mâchent pas leurs mots estimant que le texte voté pourrait être considéré comme « la victoire de l'écologie punitive ». Elles craignent les mesures concernant le préjudice écologique, soulignant le risque de contentieux. Et déplorent l'accumulation de mesures  de protection, qui s'ajoutent aux outils déjà disponibles : zonages environnementaux (PNR, N2000…), trame verte et bleue, arrêtés biotope…  

- L'Union nationale de l'apiculture française dénonce des délais trop tardifs sur l'interdiction des néonicotinoïdes. « Alors que près de 300 000 colonies d'abeilles disparaissent chaque année en France et que ces insecticides présentent une rémanence exceptionnelle pouvant se compter en années, ces délais accordés au lobby de l'agrochimie nuiront encore une fois à la biodiversité et à l'apiculture », indique l'Unaf.

- « Malgré ses manques, la nouvelle loi votée aujourd'hui comporte suffisamment d'éléments novateurs, de nouveaux principes et de mesures concrètes pour que nos organisations soulignent les progrès obtenus », indiquent dans un communiqué commun les associations environnementales LPO, FNE, Humanité et biodiversité, l'ANPCEN, le WWF et la FNH.