Référence agro

Affichage environnemental : l’agriculture n’est pas encore prête (Cese)

Le | Politique

Le 26 mars, le Conseil économique social et environnemental (Cese) a publié son avis sur l’affichage environnemental. La structure préconise de le généraliser et de créer un cadre réglementaire unique et obligatoire pour informer les consommateurs. Si cette recommandation vaut pour tous les produits, l’avis n’a pas pu prendre complètement en compte le cas des produits alimentaires.

L’agriculture, un des cinq secteurs volontaires

Pourtant, l’agriculture fait partie des cinq secteurs volontaires pour l’expérimentation, lancée en 2016 par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), avec l’habillement, les produits électriques, l’ameublement, l’hôtellerie. « Pour les produits alimentaires, l’expérience n’est pas encore achevée, explique Philippe Dutruc, conseiller au Cese, rapporteur de l’avis pour le compte de la section environnement. En effet, l’Analyse du cycle de vie, ou ACV, qui est la base de l’affichage, a du mal à quantifier tous les impacts environnementaux pour ces produits. »

L’ACV ne donne pas une image complète en agriculture

Les conséquences sur la biodiversité sont ainsi mal quantifiées. Autre souci : la durée de vie. « Une ACV analyse les impacts des flux entrant et sortant sur une durée de vie. Ainsi, un poulet en batterie pourrait avoir une ACV meilleure qu’un poulet élevé plus longtemps en plein air ou en agriculture biologique, alors que les conditions d’élevage peuvent être moins respectueuses de l’environnement, du bien-être animal, avec des qualités nutritionnelles parfois inférieures. » En somme, l’ACV ne reflète pas forcement la bonne note environnementale des produits alimentaires et des pratiques agricoles.

« Il est prévu une restitution cette année sur les travaux encore à conduire pour les produits agricoles, poursuit Philippe Dutruc. Les parties prenantes cherchent à définir des indicateurs pour avoir une vision pertinente de l’impact environnemental et pouvoir les quantifier. »

Les trois recommandations du Cese

Le Cese souhaite que le gouvernement encadre rapidement l’affichage environnemental pour éviter que les acteurs concernés lancent leurs propres signes et brouillent le message pour le consommateur.

Dans son avis, le Cese a émis trois recommandations :

- Créer un cadre réglementaire unique et obligatoire pour l’affichage environnemental, en cohérence avec le cadre européen.

- Proposer un affichage avec deux niveaux d’information : une information agrégée à lecture rapide, par exemple sous forme d’une note, et un accès à des informations détaillées expliquant l’attribution de cette note, par un dispositif (comme le code QR) renvoyant vers un site ou une application par exemple.

- Prendre en compte de nouveaux critères au sein de l’affichage environnemental, telle que les effets sur la biodiversité.